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Excusez moi d’un tas de choses : 1° de ne pas vous avoir répondu tout de suite – 2° de ne pas avoir envoyé ma carte de nouvel an à Mr & à MmePéladan père, 3o d’avoir donc « semblé » vous oublier. – Mais Mon Cher Ami, c’est que depuis trois mois ma vie est la proie des anges Tragiques. – Les vieilles Furies me poursuivent & les têtes de Gorgone nagent dans mon potage. Vous raconterai tout cela. J’ai été jusqu’à être presque forcé d’assister au suicide d’un de mes amis, – qui m’avait fait venir à Bruxelles pour cela !! Puis deux ébauches de duel, des cours d’assises, des bottes au cul des avocats, des drames & des dames. Voilà en attendant les développés de ces choses bizarres & inattendues comme le Messie.
– Reçu hier lettre de MrEdinger me priant de lui donner rendez vous. Impossible avant dix jours. Je m’enferme pour terminer un ouvrage pressé. Puis je ne comprends pas, mon ami, ce que vous voulez dire avec une planche « toute faite ». Je ne connais pas le sujet de l’initiation sentimentale, comment voulez vous que « je choisisse une planche ? » – Puis : pas de planche qui puisse servir probablement ! Si vous pouvez attendre jusqu’en avril, je suis à votre dévotion. Expliquez moi vite tout cela dans un mot rapide & instantané : 21 Rue de Grammont.
Ah ça quand revenez vous. – Vous manquez & j’ai besoin d’une Causerie. Le Léon Bloy fait du bruit avec le Désespéré. Trop de « bran » c’est d’une injure sans souplesse, & de la blessure sans profondeur. – Votre livre parait-il bientôt ? – Avez-vous été payé de Laurent? Ne restez pas trop longtemps là bas.
Présentez mes Compliments à Mr & à MmeAdrien Péladan & Croyez à ma déja vieille amitié.
F. Rops
Commentaire de collaboration
Source : Hélène Védrine, Correspondance inédite, Félicien Rops-Joséphin Péladan, Paris, Séguier, 1997, p. 193-194.