Lettre de Félicien Rops à [Joséphin Péladan]

vous savez que

Je serai rentre le 6 ou le 7 du 5 au 7.

nous sommes ici en pleine autorité catholique. On a flanqué hors de leurs niches ces horribles caniches libéraux qui sautaient pour le Roi, pour la liberté pour ce qu’on voulait ! Mais ne vous y fiez pas !: ce sont les démocrates qui ont fait le coup. – Les catholiques en sont ébaubis, mon fils Paul tout le premier ! Enfin c’est toujours une balayade & une balayure de bourgeois, & cela est toujours bon !! – J’ai rencontré un des des ex-ministres, un ex-ami qui m’avait offert de me protéger « naguère ». Il s’est précipité vers moi les mains tendues. en me disant : Quelle catastrophe ! – Je lui ai dit : Effectivement cela gagne Nîmes & j’y ai un ami. – Quoi ? Comment ? – mais oui le choléra. c’est de cela que vous parlez n’est ce pas ?

Mais non – du ministère !!!

– Moi : Est ce que vous étiez ministre ????

– Tête de l’ami dégommé.

– Voilà comment l’on s’amuse en province.

Voulez vous avoir une idée de la démoralisation du parti catholique – en tant que parti – je ne parle pas religion !

J’ai rencontré deux Catholiques qui m’ont dit : « C’est inquiétant ce mouvement des démocrates qui se sont joints à nous, car enfin les bourgeois libéraux, sont « propriétairiens » – (c’est un mot belge) oui propriétairiens ! et quand on est propriétairien on tient à ce qu’on a & on est du parti de ceux qui ont !

Ah. si le Christ revenait ? Quels bons gendarmes « les catholiques » invoqueraient ! – Ce pelé

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ce galeux d’où provient tout le mal ! – Pas « propriétairien » le christ – un democrate !! – J’en reviens toujours à ce que nous disions : Si le catholicisme ne se retrempe pas dans le peuple, il est perdu, le reste est aux vers !! Et c’en une grouillade & un gargouillement !!! – Il faudrait ce Pierre l’Hermite, qui est mon homme ! – non plus avec une croix, mais avec une trique, – & des souliers ferrés pour les basses vertèbres éreincées & ces croupions de poulets malades. – Il troublerait les prélats dans leurs digestions écarlates & violettes ; – celui là ! Qu’il vienne donc ! – et que la crosse de bois brise en fétus les crosses d’or !