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Paris 12 Déc. 1894
Mon Cher Vos,
J’espère que vous & votre fragment de collection êtes arrivés à destination.
Le lendemain de votre départ j’ai reçu une lettre de Bastia de Armand de Cléty qui s’est croisée avec la mienne. Il me demande de me charger, encore une fois, de la vente complète de sa collection, & m’envoie une autorisation pour prendre le reste de cette première farde chez Mme du Chesnoy. Je vous répète, Mon Cher Vos, que c’est absolument pour vous que je veux bien servir d’intermédiaire dans cette vente. Le fragment de collection qui va être ici la semaine prochaine a tous les textes, de ma main, ce que j’avais fait, en bon camarade pour le Père de Cléty, qui était un vaillant compagnon malgré son âge.
– Ce n’est pas seulement une affaire artistique, c’est une affaire commerciale même. Les collection de moi, vendues à la Salle Drouot dernièrement se vendent à un prix tel, que je suis, moi, dans l’impossibilité de racheter les épreuves dont j’ai quelque fois besoin, ainsi que le n° de l’Art Moderne que je vous envoie, le mentionne très justement. Celui qui gardera cette collection dix ans la revendra avec 200 % de bénéfice. Donc ne la revendez qu’à des gens qui la peuvent apprécier.
Venez ici du 25 au 27 Décembre. Vous ferez la Noël avec nous et vous emporterez ce beau morceau de Collection.
De Cléty revient en Mars et aura encore un fragment de collection de croquis & d’épreuves
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remarquable à me remettre. Il y aura là des croquis de nature bien amusants à voir. Si vous voyez Deman avant moi, dites lui que je vais lui écrire, que je lui ferai de la planche pour Mallarmé une rareté de 1er État, très intéressante. Je ne lui demanderai pour ce travail : (gravure de cinq ou six croquis que quatre exemplaires de mon catalogue et une ving-cinquaine d’épreuves de la Tante Johanna pour quelques amis. Demandez lui s’il veut échanger la Tante Johanna (la planche,) contre un joli croquis d’une valeur d’une centaine de francs.
Répondez moi vite Mon Cher Vos, quand vous verrez vos amis qui étaient avec vous à Paris, faites leur mes compliments.
Je vous serre affectueusement la main,
Félicien Rops