Lettre de Félicien Rops à [Victor "Coco" Hallaux]

Page 1 Recto : 1

Coco, Adorable Coco, toi qui pour l’instant est pincé d’une manière ficelée, toi qui restes magnétisé et anéanti dans le rayon visuel de Royomir B, toi qui dans tes exaspérations nocturnes, déversait des Niagaras de poésie sur ton paterne oreiller, toi qui voulais m’emprunter le poignard d’Albert II dit l’Heureux etc.. pour trouer l’infortuné qui avait osé se mettre entre toi et ton soleil, toi qui n’a plus qu’une chose dans la petite bête, qu’un mot sur les lèvres : ELLE !!!!!! c’est à toi que je m’adresse, ô gardien trop fidèle des amours o d’enfance ; : soulève le pan de mon habit noisette au coté gauche, à la hauteur du troisième bouton et vois la dôse, rougeâtre encore, que m’a laissé la tarentule de l’Amour…..!!....

J’ai des envies de me marier !!... Un BOHÊME !!!!! ça m’est venu comme vient à une femme grosse, le désir de manger des cerises… Que veux-tu il faut que ça finisse.. j’ai un volcan en grande ébullition dans la poitrine Je comprends, les gens qui devienne fous furieux par amour – les projets les plus effrayants me traversent le crâne je voudrais la voir ! l’enlever !! lui dire que je l’aime la ravir à des parents barbares !! pourfendre un rival quelconque !!..... À moi Crispin !... je veux...

Page 1 Verso : 2

Malheureusement.. les parents barbares ne sont représentés que par un bon gros papa qui m’invite a diner et dont je bois le Champagne à l’œil… je n’ai pas de rival et… elle m’aime !!.... ça m’embête ! j’avais déjà de très belles poses… quant à Crispin voici tout ce que j’ai :

Fais un roman avec cela… Ma foi j’ai pris la chose en Bohême j’ai bu le Champagne d’une manière ficelée je me suis flanqué des bosses à l’œil, j’ai embrassé très tendrement, de très jolies filles pendant toutes les soirées en jouant à des jeux très innocents et je suis allé au bal…. regarde moi ici près

J’étais très bien a minuit surtout après avoir bu le liquide que des parents bien elevés se croyaient obligés de m’offrir….

Page 1 Verso : 3

Remarque que le point d’equilibre est parfaitement gardé, et que l’arrogance ficelé du faux-col n’est pas piqué du moindre hanneton – malkolontus vulgaris.

……….

Cela n’empêche pas que je suis amoureux fou et que je te prie de m’écrire de suite – donne moi des nouvelles de la Bohême – envoye mes lettres à Genappe chez MmeBouqueau.

La Nouvelle que je me fesais peintre a fait sensation on commence à m’élever des piédestaux rubenseéques.