Lettre de Félicien Rops à [Léon Lequime]

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Je m’oppose absolument à ce qu’on expose la « Vue de Flessinghe » & si j’apprends qu’elle a été exposée malgré mon refus, je la ferai enlever de l’exposition par ministère d’huissier. Voilà.

Les raisons, Mon Cher Ami sont celles-ci :

1° Cette vue de Flessinghue n’est qu’une étude, – quoique je ne me repentirai jamais de l’avoir faite, n’exposant pas d’études, je ne veux pas qu’on l’expose. 2° Jamais, jamais la Société qui dirige les expositions à Namur n’a daigné se souvenir que à Paris il y avait un Namurois qui s’occupait quelque peu d’art, & jamais elle ne m’a fait parvenir une invitation. Les autres raisons sont inutiles à dire, mais il y en a d’autres. En cela d’ailleurs la susdite Société n’a fait que suivre le bon exemple donné par le Gouvernement Belge & par les membres de l’administration des Beaux-Arts ; & je suis

à l’heure qu’il est le seul artiste Belge qui n’ait reçu ni Commande, ni récompense, ni encouragement de son pays, (ce dont je me fiche d’ailleurs, comme de mes vieux gants !) – Et cela, – pendant que le Gouvernement Français m’envoie en Hongrie, comme un des représentants de la gravure Française, & m’achète des dessinspour ses Musées. Et ceux qui font cela n’ignorent nullement ma qualité de Belge, en admettant que ce soit une qualité.

La Belgique a trop de dessinateurs de génie pour songer à ceux qui ont simplement un peu de talent.

– Je vous serre bien la main, Mon Cher Lequime, & de vieille amitié. Quand vous trouverez des « Rops » achetez les, vous ne risquez rien maintenant, cela devient une bonne affaire. On vient de vendre à la Salle Drouot pour vingt trois mille francs, d’études peintes et de croquis du soussigné, & il n’y en avait pas de quoi garnir mon Cabinet de toilette.

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