Lettre de Félicien Rops à [Eugène Demolder]

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Es-tu prêt ? – Je t’attendrai pour le 15 ou vers le 15 . – Ne rate pas cette occasion de voir Vitré, Fougères et le Mont Saint-Michel qui est une chose qu’il faut voir au moins une fois en sa vie. Cela ne te coûtera presque rien, ou peu de chose : le voyage de Bruxelles à Paris, et de Paris à Saint Malo 36 francs aller & retour !! Ici tu es chez moi, j’ai une voiture et un canasson pour nous trimballer, il y a un lit qui date de Duguesclin, et on pêche des lançons qui est une anguille de sable et des homards que les vieux Flamands faisaient si bien rutiler dans leurs toiles. (Depuis que je suis retourné au Musée, le Jordaens m’éblouit les yeux !) J’irai t’attendre à Saint Malo aussitôt ta lettre de départ reçue,

Si je manquais le train, pour une raison ou l’autre, tu iras tout droit : Hôtel des voyageurs, tout à fait vis à vis de la Gare chez Madame Bisson une belle Normande « qui me voit volontiers » comme on disait à Genappe en Wallonie

Elle te donnera du bon Café, et du bon lait de vache bretonne, car je suppose que tu prendras le train de nuit qui te

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porteras à Saint-Malo à 6 ½ ou sept heures du matin. À midi nous déjeunerons à Cancale avec ces bonnes huîtres que l’on ne fabrique que là, et tu verras les Cancalaises que ce cochon de Feyen Perrin déshonorait de son pompierisme.

J’écris à Paul pour lui dire que tu viens et l’engager à t’accompagner.

– Écris-lui de ton côté & dis lui que tu ne vois nulle raison pour qu’il ne vienne pas puisqu’il est chez moi.

Mais si quelque raison de délicatesse exagerée, le faisait hésiter, viens toi sans faute

J’écris deux lignes à ton père pour qu’il mette son mot dans la balance, et je t’attends.

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