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Tuggurth ce 5 janvier 1889.
Mon Cher Octave,
nous voici à Tuggurth, moulus, brisés, sans chaleur. On ne peut s’imaginer ce que c’est que de faire enfermés dans une patache, 240 Kilomètres à travers le Sahara, sans routes ! À chaque instant on croit vesser – c’est qu’on traverse des chotts ! Il fait froid la nuit, trop chaud le jour. D’ailleurs malgré les racontars & les appréhensions : pas de danger : on traverse le Sahara comme si l’on allait de Corbeil à la Ferté-Alais. Ici nous logeons chez l’aga. Tout est curieux ici : hommes, femmes lieux. Il y a une mosquée exquise dans une vraie forêt de palmiers, & des Ouled-Naïls sous des tentes, – « nature » – & qui ne ressemblent en rien aux anciennes vivandières de Biskra. Très belles et inattendues ces filles dorées comme des idoles malais. Nous repartons demain, & vraiment c’est dur d’y songer ! Je galope ma lettre, malgré tout le plaisir que j’aurais à causer avec toi, tu sais combien on est
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pris par le temps. Quel dommage ne pas aller plus loin, & de ne pas tourner à l’est chez les Ouled-Souf !!
– Mais le temps ! mais le Sol ! Il faut revenir sur ses pas & revoir les villes françaises de l’Algérie ! Tunis nous consolera je l’espère ! On m’en dit, & tu m’en as dit grand bien. Ce sera notre dernière étape.
Tout le monde te dit des foules de choses aimables, & on te les répètera de vive voix, bientôt
Ton vieux copain
Félÿ
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6.7 – le 8 un soir à Constantine.
le 9 – Repos.
le 10 au soir à tunis
le 11 à tunis –
le 12 à tunis…