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J’arrive ici venant de l’Île de Walcheren en ZelandeMon Cher & très Cher Ami, j’ai « l’enfant » avec moi, une belle grande fille de seize ans, qui est la joie de mes yeux & de mon cœur, & qui a besoin de l’air de la mer & de la mer du Nord dont la voix a si souvent calmé mes fièvres. Quelle bonne lettre que la tienne, je savais que tu ne pouvais être changé ! Hein ? Nous les connaissons tout de suite, ceux qui doivent changer ! – J’aurais pu écrire bien souvent sur les vitres de mes chateaux en Espagne, les « Solus eris » de François 1er ! Bah quest-ce que cela nous fait ? Ceux qui gardent le cœur & les joies des jeunes années sont les richissimes & les heureux. Je serai de retour en octobre & ma première visite sera pour ton ermitage. Je n’ai su que depuis peu de temps le coup qui t’a frappé, Mon Cher Nadar, & j’y suis plus que sensible, – affecté. Tu dois supporter ces coups de la vie en te souvenant des jours heureux. Puis garder ceux qu’on aime, c’est encore un dernier bonheur. –
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Cher grand frérot. Ma fille m’a entendu si souvent parler de toi qu’elle t’envoie des tas d’amitiés « puisque tu es un vieil ami de moi »
À bientôt
Ton frère prodigue.
Félicien Rops.