Numéro d'édition: 1708
Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Armand Rassenfosse
Lieu de rédaction
s.l.
Date
1890/01/16
Commentaire de datation
Datation sur base de l'apostille. À noter qu'une enveloppe correspondant à cette date est conservée dans le même fonds sous le numéro d'inventaire : II/6957/19/39a.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6957/19/37
Collationnage
Autographe
Date de fin
1890/01/16
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Apostille
16 Janv 1890
Page 1 Recto : 1
16 Janv 1890
Mon Cher Monsieur Rasenfosse,
Bien reçus sont votre quatre états qui affirment ce me semble la solidité du vernis N°4. Je vais faire un tampon à peau de chamois. Vous me dites : « quand on frotte vigoureusement à froid avec le tampon bien imprégné de vernis, de façon à le faire bien entrer partout, le résultat est beaucoup meilleur & il s’étend partout, uniformément. Je ne comprends pas bien, le mot froid. Voyons? Je prends ce vernis qui est dans une petite bouteille, je le chauffe, il se liquéfie, j’en prends avec un pinceau, j’en couvre mon tampon, – naturellement il se durcit, comment alors puis-je le frotter sur une planche froide ? Explications s.v.p ? – N’importe ce n’est pas encore la une bonne manière d’application ! Vous savez d’ailleurs que beaucoup de résines que l’on soumet à des échauffements répetés, et ceux là seraient forcément très repetés, finissent par perdre leur grain ? Cela m’est arrivé plusieurs fois dans mes essais, plus nombreux que les étoiles du ciel ! Le rouleau n’est pas de première necessité pour poser les grains, cependant c’est évidemment le meilleur mode d’application, sans contredit. Il y a encore le très large pinceau de martre très doux qui ne laisse pas de zébrures. Lamour vend en bouteilles un vernis blanc, tout à fait liquide, que l’on mettait sur les planches par épandation, puis on chauffait pour faire disparaître des granulations solides qui par les temps froids restaient sur la surface de la planche. Ce n’était pas un vernis mou. Courboin en avait un dans le même genre mais sans granulations ; J’en possède encore & je vous enverrai ces deux vernis quand nous travaillerons les vernis fins pour les chairs. Vous voyez que nous ne sommes pas encore au bout de nos recherches ! – Je vous envoie, en fait de résultats obtenus avec des « vernis fins » une petite tête qui se trouvait dans
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la marge du 1er État de Maturité, et que j’avais employé pour faire cette planche, – encore perdu ! mais voyez – (comme dans le vernis de l’avocat), cette petite tête, et la finesse du grain ! Je vous demanderai de me renvoyer cette épreuve, (qui est la seule que je possède aussi) quand vous me ferez un envoi.
Donc je vous disais : vos cartes d’échantillons de tailles assez probantes, pour la solidité du n°4. Ce sont des épreuves sur zinc. Le zinc mord rapidement & ne fatigue pas le vernis par sa morsure puis on mord avec de l’acide faible ! La « probance » absolue de solidité n’est donc pas établie, car dans vos indications vous ne faites pas mention de la nature de l’acide, ni de son degré. Chose de première importance ! pour la remorsure. Je ne suis pas de votre avis quant aux estompages. l’estompage fait (dans le 2e État,) avec une estompe ordinaire, & un calque glacé, est bien plus réussi que celui fait avec un calque à grain & une estompe de Liége au 3e État !
Quand on estompe c’est pour avoir un grain plus fin, & l’estompage qui vous donne le grain le plus fin et le plus régulier est le meilleur.
Essayez d’avoir du n°4 en boule, & à poser avec rouleau. Je l’ai essayé, tel qu’il est, au rouleau. En ne roulant qu’une fois ou deux cela ne va pas mal, mais il crasse le rouleau tout de suite & cela fait des inégalités. Enfin je vais demain faire un petit essai nouveau, sur acier & sur cuivre ; si je vais mieux ! car pour le moment je suis deréchef influenzé, – pour la 2e fois !! C’est un abonnement ! . Ramiro l’a eu 3 fois ! J’ai encore une fois de « bonne ! » mais j’en ai assez cependant ! – Avez vous un petit morceau de ce que vous appelez : « calque à grain » ?
Dans vos indications écrites, mettez s’il vous plait toujours l’indication du métal sur lequel vous gravez, et le degré de l’acide, avec sa nature. C’est essentiel plus que les crayons, qui cependant jouent un rôle aussi.
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À bientôt Cher Monsieur Rasenfosse,
Je vous envoie une épreuve curieuse de mon médecin des fièvres, aqua-tinte & vernis mou Ropsenfosse mêlés. Je vais reprendre cette grande planche un peu ratée. Le petit bonhomme a mal mordu & il y a un tas de Saletés dans le ciel.
Voici les détails de ma grande boite à grains, celle qui ne pouvait entrer dans l’atelier.
Croquis
Comprenez si vous pouvez !!
1. – La cheminée : vide dans lequel monte la poussière de résine.
2. volant. (le volant est incliné ici sous la main invisible qui le fait tourner. Il y a quatre petits tasseaux pour poser la planche.
3 manche pour faire tourner le volant
4 – boite en zinc (en demi lune) dans laquelle on dépose la poudre de résine
5 porte pour le travail.
6. bordure en drap pour aider au soulèvement de la résine.
7 petit taquet mouvant pour immobiliser le volant. Ce croquis au galop est infect, mais si MrDewitte veut faire exécuter cette armoire je la lui dessinerai en grand plus lisiblement avec
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les dimensions.
Cette armoire est dit-on de l’invention de Jazet le célèbre « aquatintiste » c’est celui qui a fait aussi l’article du Manuel Roret sur l’aqua-tinte &. qui m’a guidé pour l’Incantation. C’est évidemment, le meilleur systhème de boites à grains la hauteur & la profondeur de la cheminée permettent des grains d’une légèreté de nuage, des vapeurs.
À vous & à bientôt Cher Monsieur Rasenfosse.
F. Rops
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Vergé, Blanc.
Dimensions
210 x 269 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir. En-tête: Duluc / Robes et Manteaux.
Copyright
KBR