Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]

Page 1 Recto : 1

au reçu de votre lettre j’ai essayé vos papiers voici le résultat :

– Papier N°1 calque avec résine donne sur le vernis-mou un grain « lithographique » très beau, un peu fort mais bien grenu. Sur le vernisavant la morsure. Après la morsure plus rien, que des choses informes & grossières. C’est incompréhensible. La résine en se déposant par la pression sur le vernis mou empêche-t-elle la morsure ???? – Le grain sur vernis est superbe

Papier n°2 grainé légerement. Donne un petit travail assez agréable, grain assez fin, assez grenu, sans excès, pas très différent des grains obtenus par les papiers lithographiques transparents, serpente etc &c – ce qui n’est pas ce que nous cherchons : Nous cherchons un papier donnant un grain fin, mais un grain relevé & grenu. Ce papier n°2 est déja un bon acheminement vers le but.

Ce que je trouve bien curieux, c’est le papier à grain lithographique. Essayez le sur le vernis mou avec un crayon 6H et en appuyant fortement. Le grain en est délicieux. Trop gros, à cause de l’épaisseur du papier, mais si par une commande à l’inventeur ou au fabricant, on pouvait obtenir ce papier sur papier assez mince comme par exemple : le

Page 1 Verso : 2

bon papier écolier ordinaire, ou quelque chose d’approchant, je suis persuadé que l’on obtiendrait un admirable résultat. Si on lui écrivait à ce Mr ? Je serais pour ma part disposé à entrer pour une somme assez ronde dans une commande semblable. Je vous enverrai demain ou après demain des petits essais faits avec ce papier lithographique et déja (pour de très grandes choses,) il pourrait servir d’ébauche, tel qu’il est.

Quant au papier à grain de résine, je le crois susceptible de perfectionnement. L’idée de se passer de colle est le vrai, mais le pourrons-nous ? – Il y avait du temps d’André Gill, qui s’en est servi pour faire des croquis de siège, des papiers lithographiques dans le genre de celui que vous venez de m’envoyer. Je vais m’informer de tout cela. Un papier sans colle c’est le vrai ! Je m’informerai aussi de la façon dont on fait les papiers chagrinés de Gillot. Il y en a de minces et de grainés. – Ce serait « bien le diable » si à deux hommes chercheurs et résolus, nous n’arrivions pas à de curieux résultats et nouveaux surtout !

Dans quelques jours donc, j’envoie les bouts de croquis. – Le N°5 nouveau pique souvent dans mes travaux. Je ne sais à quoi attribuer cela. – Je cherche. – J’ai fait aussi un bout de croquis sur zinc. Le zinc donne toujours « plus gros », que le cuivre.