Numéro d'édition: 1836
Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Armand Rassenfosse
Lieu de rédaction
Paris
Date
1895/05/28
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6957/19/166
Collationnage
Autographe
Date de fin
1895/05/28
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Page 1 Recto : 1
Paris 28 mai 1895.
Mon Cher Ami, voilà près de deux mois, que, comme je te le disais hier, je dois t’écrire, aussi, à l’aimable docteur Henrijean, et en plus à Dewitte. Je n’ai pu le faire plus tôt et les empêchements survenus appartenaient plus à l’ordre moral qu’à l’ordre physique. À l’heure où je me disposais à prendre ma retraite d’homme aimable, ne voulant pas finir dans la peau ridée d’un vieux fêtard, j’ai été, sans préalabilité, presque sans raisons, frappé par un évènement d’une extrême gravité, et fourré malgré moi dans une série d’aventures dans lesquelles d’habitude, la Galanterie, la fâcheuse « Galanterie » englobe ses victimes. Ce n’est pas fini et je ne sais pas trop comment tout cela se terminera ; mais cela va mieux, et le ciel me semble plus clément. Mais j’ai traversé de vilains nuages, le grain a été dur ! Je te raconterai cela par le menu. Cela te paraitera invraisemblable ! Tu connais les personnages de la pièce qui ont, – les principaux, – séjourné à Liége. Mais rien ne pouvait faire prévoir cette histoire comique, et sinistre aussi. Je profite d’une éclaircie pour te donner de mes nouvelles. Comme cela arrive chaque fois que la Vie vous secoue le tempérament, – (et j’ai été secoué comme un peuplier !) on en oublie ses douleurs réelles, et les angoisses cérébrales semblent soulager des angoisses matérielles. – J’ai remis à des heures plus clémentes, le soin de travailler à ma guérison, et j’ai suspendu tout traitement. D’où mon silence vis à vis de notre docteur, comptant l’appeler à ma rescousse prochainement, car les émotions ne mon pas manqué en ces occurrences, et je doute fort que tout cela ait pu améliorer ma position cardiaque. Quand tu vas venir aux Salons, ne t’accompagnera-t-il pas ? Cela me serait une joie. Voyons : nous sommes aujourdhui le Mardi 28 mai, je
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dois, pour être complétement libre, travailler jusqu’au 13 ou 14 juin, puis je suis entièrement libre jusqu’au 15 aout. – Il faudrait que tu viennes du 12 au 15 juin. Nous passerions deux jours à la Demi Lune à vivre au milieu des fleurs et à respirer l’air, puis nous reviendrons salonner à Paris, & vernimousser un brin.
– Tes petits croquis du Supplément Ramiro sont réussis selon moi. Je leur trouve de la verve & de la facilité. Cette facilité, dont il ne faut pas faire trop fi, tu la dois à cette gymnastique Bénardienne d’être obligé de faire « ce qui se présente à tous hasards, et d’obtenir des ces hasards un résultat présentable. Cela t’a beaucoup servi. J’ai reçu la pointe sèche sur zinc que je trouve ayant bon caractère. Le petit essai avec fond de roulette à grain de crayon peut donner des résultats curieux en poussant cela plus en couleur. Il faudra que tu me fasses faire encore deux ou trois de ces instruments, de ce même grain, car cela s’use très vite ces joujoux là. surtout quand on fait des fonds. Seulement je t’en prie dis moi ce que cela te coûte, pour me mettre plus à l’aise. Je vais t’envoyer demain deux épreuves de mon portrait, et une feuille de l’ancien papier Pelée que tu m’avais demandée.
– À propos qui donc a épousé Gustave Stevens ? Je ne le savais pas marié, et il m’annonce la naissance d’un fils. – est ce son ancienne fiancée ?
Bonnes amitiés à nos amis, les expositions sont intéressantes, toutes les deux, à tous points de vue. Elles vont jusqu’à fin juin, donc tu as tout le temps de les voir à fond. On est mieux à la mi-juin. Plus de cohue bête, on est chez soi.
Je croyais que le docteur Henrijean devait venir voir ces expositions avec toi, que c’était une chose convenue ????
À bientôt donc Mon Cher Ami, nous tâcherons de passer ensemble quelques bons jours, et ne prends pas « un aller et retour » surtout.
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Réponds moi un mot pour savoir quand tu viendras. J’ai besoin de savoir cela pour arranger mes vacanceries.
J’expose en Aout une centaine d’épreuves à Namur, exposition particulière. Je ne peux refuser. Je te parlerai pour le catalogue.
À toi et vieilles amitiés de ton ancien copain
F. Rops
Le portrait de De Witte est un succès.
Détails
Support
1 feuillets, 3 pages, Vergé, Gris-vert?.
Dimensions
178 x 223 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR