Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]

Page 1 Recto : 1

Vite des nouvelles de votre père Mon Cher Rassenfosse, vite ! Et aussi de votre Chère Mère qui a du être bien atteinte de ce vilain coup du sort aussi affreux que subit. Qu’as-tu du penser de moi, mon Cher Ami en ne recevant pas de lettre de moi en réponse à la tienne ! Aujourdhui vendredi à deux heures de l’après midi * * 19 octobre ! Je tiens à constater le jour et l’heure de réception je recois de la Guimorais ta lettre m’annonçant le triste évenement qui vient te frapper et en même temps ta mère sortant à peine de cette longue maladie. Il faut qu’elle appelle à son aide tout son courage, et qu’elle domine ses peines. Dis-lui que ces congestions qui sont toujours si effrayantes sont, et, très souvent, – moins dangereuses qu’on ne le croit. Je suis d’une famille d’apoplectiques un oncle un frère de ma mère, frappé à cinquante et un an d’une violente attaque, à vécu jusqu’à soixante dix sept ans, et sans infirmité nouvelle. Qu’elle pense à toi & à ses petits enfants. Une mère c’est toujours si nécessaire à la Vie des autres ! – J’ai par ma belle-sœur qui vient de rentrer a la ½ Lune l’historique de la disparition de ta lettre : adressée à la rue du Marché des Blancs Manteaux, ta lettre a été réexpédiée

Page 1 Verso : 2

à la Guimorais par ma concierge, réexpédiée à nouveau rue du Marché des Blancs Manteaux par le bureau de St Méloir des Ondes enfin après avoir attendu deux jours sans raison, ma concierge ayant appris mon retour à la Demi-Lune a eu l’idée qu’en l’expédiant ici elle avait chance, cette lettre, de me rencontrer peut être. Voilà ! Depuis le roi Louis XI je crois que la Poste n’a guère fait de progrès en France. Excuse moi et excuse l’administration que l’Europe nous envie.

– Donc vite des nouvelles je te prie. je partage bien tes peines, et j’espère qu’elles dureront peu, car ta position est bien pénible.