Lettre de Félicien Rops à [Théodore Hannon]

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Je vais écrire à J. K. Huysmans.

– Mons Filleau de la Faculté de Paris me défend de mettre le muffle à l'air & il faut cependant en finir !! Si demain je ne peux sortir, ce que la clémence de Filleau me laisse entrevoir, ou plutôt son inclémence, – je télégraphie à J. K. Huysmans de venir me voir dessur mon lit de douleur.

Sais-tu que j'ai failli crever comme un vieux mousquet ? J'ai eu une vraie fluxion de poitrine et moi, qui suis sanguin Comme un bonnet phrygien j'ai failli être étouffé par ce sang trop généreux, – si génereux qu'on pourrait lui emprunter de l'argent, – et même du fer ce qui est sa façon d'être riche. Aujourd'hui je suis un peu blême & les « filles qui se consolent de leurs flueurs blanches en faisant de la musique religieuse » me trouveraient assez intéressant pour me faire des bleus avec leurs os iliaques. –

Liesse qui était ici est reparti pour Anseremme. Son roman a eu du succès & je crois – en chancard qu’il est, que ce succès continuera si son second livre est un peu propre. – L'Italie lui

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a fait du bien & je l'ai trouvé, – moralement parlant très changé à son avantage. Bruxelles l'eut

complètement gâté s'il y était resté. Il en prenait les petites allures & les petites idées.

– Il faut que je parle à Céard & à J. K de la préface ; – plus je la relis et plus elle m'inquiète (J'ai passé ma demi-agonie à relire tout ton volume), je ne voudrais pas que ton volume servit simplement de tremplin pour lancer une préface tapageuse. Franchement et entre nous je ne l'aime pas cette préface, elle est outrecuidante & force la note et tu sais si je suis un timoré ! – Mais j'ai peur que l'on me dise : « Voyons, voyons un peu voilà un jeune monsieur que l'on nous dit être le plus fort depuis Baudelaire, et que l'on ne lise tes jolis vers en voulant les trouver « merveilleux » – j'ai peur enfin que l'on ne te donne pas même cinq minutes pour être sublime et que toi-même tu n'ayes pas le temps de dire au lecteur : attendez quelques secondes je suis encore jeune et je serai sublime plus tard. – Maintenant tout cela c'est peut être l'effet de mes perditions de sang et est-ce de l'anémie morale, mais enfin je ne suis pas faché d'en parler un peu avec quelques bons esprits et surtout avec J. K.