Lettre de Félicien Rops à [Clotilde Rorcourt]

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Je me décide à vous écrire puisque Louis est absent et cependant j’ai toujours eu peur d’écrire à une jolie femme cela trouble mes idées, cela me fait trembler la main et cela me rend d’un aimable idiotisme – c’est toujours la faute de cette maudite timidité ; – tenez j’ai déjà oublié la raison qui m’a fait « mettre la plume à la main » comme on dit dans les pensionnats de « jeunes personnes » – j’y suis ! C’était pour vous dire, chère Madame, que si – « par hasard » vous rencontreriez cet Astèque de Géruzet d’avoir la gracieuseté de lui dire que j’attends depuis un temps incommensurable les photographies que je lui avais demandé de m’expédier ; – voilà, – c’est tout. –

Je vous vois d’ici sourire de vos trente deux dents (un petit prétexte pour les montrer) et vous dire que j’eusse mieux fait d’écrire directement à Greuzet ? – Quelle erreur ! D’abord par ce temps de Congrès qui court, on ne trouve plus Géruzet que Louis Rorcourt, ensuite écrire à Géruzet n’est pas un plaisir et vous écrire est déjà un bonheur.

Parlons de la température :

Il fait superbe ici, les bois sont pleins de chants d’oiseaux et les étangs sont pleins de nénuphars, les carpes viennent montrer leurs ventres au soleil comme les bourgeois qui étalent leurs gilets blancs ; – je vis solitaire, – je

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pars au matin avec ma chienne Sarah. La seule créature à laquelle je fais des confidences et qui les supporte sans s’endormir, comme une brave chienne qui sait qu’elle appartient à un maître toqué et qui en a pris son parti ; – Chienne d’artiste, du reste toujours leste et fringante dans sa robe noire et ayant des petits mouvements de reins comme une dame qui ballonne sa crinoline ; – j’en connais ! – et puis elle déteste les chats, les vieilles femmes et les notaires !