Numéro d'édition: 3287
Lettre de Félicien Rops à [Edmond Carlier]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Edmond Carlier
Lieu de rédaction
s.l.
Date
1889/09/23
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
2003/A/1266
Collationnage
Scan
Date de fin
1889/09/23
Lieu de conservation
France, Paris, Fondation Custodia
Page 1 Recto : 1
Lundi 23 7bre 1889
Je crois bien, Mon Cher Edmond qu’il ne faisait pas : « un temps ! » Aussi tu étais excusé d’avance, & on ne t’a guère attendu que le temps qu’il fallait à la bonne andouille Corbeilloise pour ne pas prendre froid ! Car tu sauras que Corbeil en-Gâtinais est célèbre par une andouille merveilleuse, dont les Corbeillois gardent le secret, qui se transmet d’âge en âge, pour faire enrager les Briançons de l’autre côté de l’eau. Pas une « andouillette » produit minuscule & dérisoire ; mais la bonne andouille du 18e siècle, la vraie ; celle pour laquelle, les derniers abonnés de l’Odéon & du Théâtre Français font leur six lieues, afin de la manger au Vieux Garçon, dans les vraies traditions. Enfin ! quand tu viendras, elle sera sur le gril. Et nous ne la ferons pas attendre ! Quand elle a failli attendre, elle n’est déjà plus ! Le vin de Trooz, à ce qu’il paraît, sera parfait cette année. J’ai des renseignements, & nous allons renouveler notre provision chez les Troglodytes de là bas. Nous tâcherons d’y aller ensemble si tu veux, car j’espère que tu ne vas pas rester invisible comme Brahma derrière son lotus, – qui ne pousse pas à Chatou d’ailleurs. Les Vendanges ! Nous les ferons dans une quinzaine, mettons trois semaines. Mais il n’y aura plus autant de vendangeuses ! C’était un prétexte à vendangeuses ces Vendanges précoces & improvisées. Et jolies !
Page 1 Verso : 3
oh Combien ! dirait Lemonnier. Il y en avait d’adorables ! Mais deux des plus jolies sont déjà parties hélas ! Il en restera bien quelques unes. – Hier je me faisais l’effet du vieil Anacréon au milieu des Nymphes ! (Bouguereau. Pinxit. Roma !) que c’est joli les jolies filles ! Cela allait de 17 ans à 19, tout ce petit tas de pubertes. Ah ! tu as perdu ! Elles étaient trop pour un homme seul !!! même pour moi ! Voyons je voudrais causer un peu avec toi ! Si occupé que tu sois, si « chatouillard » aussi, tu as bien quelques minutes à me donner ! Voilà : de 8h. du matin à onze je suis à l’atelier. – Si tu ne peux venir dans ce laps, donne moi un rendez vous au café de Bade ou ailleurs, de cinq à six ½. Est-ce entendu ? Quand Dom viendra nous dînerons ensemble en quelque caboulot à bon marché, & nous jacasserons d’antan, d’aujourdhui & de demain.
À toi bien & à bientôt
Fély
De 8 à 11 je ne bouge pas a 8 h. précises, j’entre à l’atelier à onze j’en sors. Dans l’après midi j’y suis souvent, mais pas toujours. tandis que j’y suis toujours pendant ces trois heures là. – ou alors : Café de Bade mais je n’y vais que sur commande – carte postale reçue la veille. Tu es avisé !
Détails
Support
1 feuillets, 3 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.