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Mon cher Péladan,
Il vous faut bien m’excuser de n’avoir « pas écrit » comme je vous l’avais dit. Il faut vous dire que depuis quelque chose comme un an, voire d’avantage & meme un peu d’avantage, je ne vis guère. Une maladie d’yeux m’a plongé tout vivant dans les enfers de Dante : section des désespérés. J’ai éprouvés toutes les appres dans lesquelles l’horreur de la cecité peut plonger un ho un peintre, et dès que je ressens quelque douleur anormale trouble anormal dans la vue, j’en tremble plus que de raison & je fuis tout travail même l’écriture ! Je voulais aller vous voir, pour vous serrer la main et vous féliciter de l’excellente idée de votre exposition « idéaliste ».
Vous rappelez vous nos bonnes conversations de l’atelier de la rue Drouot, & nos désidérata
Je vous disais combien la « peinture » était un art matériel avant tout, mais qu’à coté d’elle, il y avait place pour un art que dont les primitifs avaient inventé/ osé, que Breughel avait entrevu, & ou le rêve se matérialiserait à demi, descendrait de la toile et créerait son interprétation.- Les artistes vous doivent être reconnaissants de vos vaillantes tentatives, pour donner valeur à cet art. Je ne puis n’ayant absolument rien [illisible] de faits ; y prendre part et je le regrette. mais si l’an prochain vous me faites le plaisir de m’inviter, j’espère vous envoyer quelque chose une peinture, car j’ai repris la palette & les pinceaux trop
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longtemps délaissés pour/par [mot l’un sur l’autre] la brulante l’eau forte qui Je ne veux Les diaboliques que vous priez demandez de vous envoyer vous courent le monde. [rature illisible] Je n’ai rien à l’atelier. Je le regrette fort. Les gen Tous les cérébraux doivent se faire un devoir de soutenir l’œuvre de vos valeurs.
Quand vous serez moins occupé causerons de bien des choses & [illisible]
& ou nous rencontrerons comme toujours dans le bel amour pour l’art qui nous flambera toujours jusqu’à la mort au cerveau, & qui sauvera le monde.
Une ancienne & bonne poignée de main.
Félicien Rops
Commentaire de collaboration
Cette lettre inédite est en cours de traitement. Pour en savoir plus sur la correspondance croisée entre Rops et Péladan, consultez l'ouvrage d'Hélène Védrine, Correspondance inédite, Félicien Rops-Joséphin Péladan, Paris, Séguier, 1997.