Chroniques ropsiennes

« Les platanes sont dorés, bronzés, brûlés, émerillonnés »

Les feuilles des arbres urbains se sont rougies et commencent à tomber, en douceur, sur nos rues et chemins de traverses.

Cette palette de couleurs flamboyantes est source d’inspiration pour beaucoup d’artistes, Rops ne faisant pas exception. Il en parle dans une lettre écrite lors de son voyage à New York, en octobre 1887. Il y déploie sa verve poétique d’horticulteur passionné, avec le vocabulaire pointilleux qu’on lui connait.

« Quant à cet automne c’est un idéal d’automne à part la trop grande chaleur : La végétation est différente, les Chênes verts de l’Ohio, les peupliers Ontariens les érables à sucre énormes, les platanes sont dorés, bronzés brulés, émerillonnés, vermillonnés à n’y pas croire & les dessous de forêts sont éclairés par une floraison automnale admirable. La Vernonie de New-York (Vernonia Novoeboracensis), (je l’ai vue enfin !!!) dix ou douze asters, les solidages du Canada &c &c sont en fleur. – Et dire qu’en France nous n’avons pas même une petite plante d’automne ! J’oubliais la vigne Catawba qui est en fruits & le rosier sétigère en fruits aussi, qui jettent aux branches des lianes de vingt pieds de haut. Tu juges de mon enthousiasme d’artiste & d’horticulteur. »

Pour lire l’entièreté de la lettre : n° d’éd. 2783

La beauté de cette saison devient même une nouvelle excuse pour justifier un retard ropsien, un manque de ponctualité dont l’artiste namurois usera et abusera pendant toute sa longue carrière.  

« Vers le 20 octobre dans quelques jours je vous rapporterai votre portefeuille. Il y a longtemps que j’aurais dû le faire, mais il faisait un si bel automne ici, que je n’ai pu résister au désir de faire quelques bouts de croquis & de paysages flamands, comme au bon temps. »

Pour lire l’entièreté de la lettre : n° d’éd. 2364

Outre sa gravure Buée d’automne en Ardennes et son magnifique tableau Amours d’automne qui rend grâce à cette période de l’année particulièrement colorée, il va également proposer au peintre Auguste Donnay de l’aider à vendre une de ses œuvres sur le même thème :

« Mon Cher Donnay, et merci. Je crois que nous n’en resterons pas là, et que je pourrai je l’espère avoir encore recours à votre talent. Voulez vous que j’expose votre « automne » chez Barc de Bouteville, & à La Librairie Indépendante ? Ce sont de bons endroits où passent beaucoup de gens que l’art intéresse ? Si vous avez quelques études ou de petits tableaux, ou aquarelles à faire voir, envoyez les moi, je les mettrai dans cette boutique de Barc. C’est une nouvelle exposition, en boutique, rue Lepelletier, où ne se trouvent que des Jeunes, & cela a bon air & bon espoir. »

Pour lire l’entièreté de la lettre : n° d’éd. 1327

Le réseau social de Rops est vaste dans la ville lumière, et en voici encore la preuve. Sa stratégie commerciale est le sujet de la nouvelle exposition du musée « Adjugé ! » Les artistes et le marché de l’art en Belgique (1850-1900) à voir dès à présent en visite virtuelle sur le site du musée Rops.

Dans l’attente de jours moins pluvieux, nous vous souhaitons de profiter malgré tout de ces belles couleurs d’automne que Rops se plaisait à représenter, tant dans ses œuvres plastiques que ses écrits épistolaires.  

Lettre de Félicien Rops à [Léon] [Dommartin], New-York, 9 octobre [1887], www.ropslettres.be, n° d’édition :  2783
La Buée d’automne en Ardennes, 1874, vernis mou, 18,3 x 22,5 cm. Musée Félicien Rops, Province de Namur, inv. G E0228.2

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