Lettre de Félicien Rops à [Edmond] Deman. s.l., 1891/06/19. Province de Namur, musée Félicien Rops, LEpr/124
Page 1 Recto : 119 Juin 1891.Il faut vraiment m’excuser beaucoup, & même me pardonner un peu, Mon Cher MrDeman, car je viens de passer un mois atroce. Ma fille depuis la mi-mai est très malade. Elle a eu de violentes attaques de fièvre intermittente qui prenaient parfois la forme tétanique & allaient jusqu’au plus effrayant délire. Je vous avoue que tout m’était devenu tout à fait indifférent, je n’avais plus idée ni de ce que j’avais à faire, – ni de mes devoirs ni de mes obligations, ni de mes espérances de travail ou de gloire. Comme je l’écrivais à Verhaeren, je suis peut-être un mari douteux, mais je me sens le meilleur des pères. Mon fils, c’est l’enfant des époques opulentes de ma vie, ma fille, celui des jours pénibles, l’enfant pour lequel j’ai abaissé ma morgue de bourgeois ex-riche pour « vendre ». Et puis c’est la fille de mon corps & de mon esprit, et je l’en aime doublement. La voilà debout, toute grandie & toute amaigrie, mais elle est debout, et il me semble que c’est d