Numéro d'édition: 0095
Lettre de Félicien Rops à [Edmond Deman]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Edmond Deman
Lieu de rédaction
Paris
Date
1891/03/10
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
LEpr/121
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Province de Namur, musée Félicien Rops, Province de Namur
Page 1 Recto : 1
Paris 10 mars 1891.
Mon Cher Monsieur,
Vous voyez que je ne suis pas si oublieux que les bons amis en jasent. Je vous envoie l’épreuve promise. Elle n’est d’ailleurs intéressante que pour ceux dont l’intérêt et l’attention sont requis par les choses auxquelles les masses ne s’intéressent pas, ce qui leur crée une enviable distinction, m’est avis. J’ai résumé en ces petits croquis sans réelle importance, mes nouvelles « techniques » pour me servir d’un mot un peu gros, (vernis mous exécutés avec de nouveaux acides & de nouveaux vernis,) à l’aide desquels je veux faire des choses nouvelles, si le Diable m’en donne la force :
Diaboli virtus in lombis
dit St Augustin. C’est mon père de l’Église de prédilection celui-là. Il connaissait la femelle en dessus et en dessous & il savait sa jauge.
Je vais de mieux en mieux, et à la première œuvre qui vaille : je serai guéri ! Ce qui est arrivé, devait arriver. Il y a dix mois que je vivais enfermé comme un putois dans mes roches de la Demi-Lune, ne voulant voir personne, pas même les amis les plus amis ; si persuadé étais-je que j’allais rester un artiste « quelconque », que je ne voulais plus même regarder mes fleurs, lesquelles élevées par moi, ne veulent pour admiratrices que de jolies femmes, & n’être louangées que par de purs et pénétrants esprits.
Et ainsi j’ai blessé & éloigné de moi beaucoup de ceux qui m’aimaient & que j’aime : Octave Mirbeau, Huysmans, Jules Destrée, Roger Marx, et d’autres bons esprits qui regardaient ce que je faisais, & m’ont soutenu par de bonnes & vaillantes paroles, chaudes au cœur.
Je n’allais qu’aux Estampes, pour aggraver ma peine, pour mieux sentir ma non-existence & me conformer dans ma nullité banale.
Voici à peu près ce que j’écrivais hier à J.K. Huysmans & cela vous mettra au courant de mon état de cervelle :
Page 1 Verso : 3
« Mon Cher Ami, me voici encore debout, à gouter « l’avenir revenu » des Romains ou de la Renaissance, celle des MMrs de l’Institut si facile à faire
Voilà où j’en suis. La Caboche est solide. « Guarda la Cabeza ! » nous criaient les guides lorsque nous traversions la Sierra Nevada en allant de Grenade à Malaga. Et j’ai gardé la Cabeza !
Présentez je vous prie mes Compliments à MmeDeman, respectueusement.
Je vous serre affectueusement la main.
Félicien Rops
J’oubliais : voici le bilan de ce que je veux faire : mais il faut que je sache où vous en êtes ! Ai-je quinze jours devant moi pour vous arranger trois ou quatre petits cuivres ? Nous les ferions tirer ici pour votre catalogue-
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nombre des exemplaires de votre livre Coût à Nys 9 frs le cent. – C’est une gracieuseté que je vous offre.
– Pui-je encore vous signaler quelques bouts de lettres sur épreuves à intercaler dans les notes ? que vous feriez imprimer, si le texte n’est pas fermé ?
– Ah ! Et le Baudelaire ?
Je lis dans la Jeune Belgique ou dans la Wallonnie que c’est Odilon Redon, qui le fait. Éclairez moi à ce sujet, vous prie. Je ne veux aucunement ôter l’ouvrage à un brave homme. – Je ferais mon
À vous bien.
FR
Vous voyez qu’avec ce genre de vernis mou, je peux tout faire & tout rendre.
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Vergé, Crème.
Dimensions
178 x 226 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
musée Félicien Rops (Province de Namur)