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23 Juin 1891.
Mon Cher Monsieur Deman,
Je vais répondre, d’abord, à la très ancienne demande que vous m’avez faite dans votre dernière lettre, relativement aux dessins du Baudelaire que je dois faire & que je ferai, n’importe comment ! Il m’est presqu’impossible de vous fixer un prix pour ces dessins. Je ne sais pas même dans quel mode je les ferai. Et cependant je les vois faits ! Puis je compte exposer ces dessins un peu partout, et cette clause serait fort désagréable pour l’acquéreur. Faisons les d’abord, & nous finirons bien par nous arranger. Je vais vous renvoyer votre dessin de « Joyenval» avec mes initiales. Quant au dessin pour le Catalogue, je vous le ferai parvenir dans quelques jours. Nys est libre & va se mettre au tirage des eaux fortes de votre catalogue. J’ai retravaillé deux planches.
– Dites moi si vous êtes désireux de voir le lot d’eaux-fortes que j’ai, ou plutôt que je vais reprendre. Je vous l’enverrai mais c’est un lot « d’ensemble ».
Je crois que voilà tout ce que j’avais à vous dire pour l’instant. Cela ne
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valait guère la peine de vous faire attendre ma réponse aussi longtemps, mais je vous l’ai dit : Je n’étais plus bon à rien, & il faut m’indulgencier grandement. Je voudrais commencer le Baudelaire en octobre & le faire paraître en mai prochain. Il faudra pour cela travailler dûr ! Mais je crois que j’en ferai quelque chose. J’irai en Aout à Bruxelles, & nous pourrons en causer longuement, & prendre à ce sujet nos résolutions dernières. Je me sens plein de courage, de force & de vie, et j’ai pris la très ferme résolution de vivre jusqu’a quatrevingt treize ans comme mon grand père.
Cela nous fait quelques Baudelaire sur la planche !
Je vous envoie mes bonnes amitiés
Félicien Rops