Lettre de Félicien Rops à [Edmond Picard]

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Je n’ai pu vous répondre tout de suite, j’étais au lit avec une névralgie atroce qui m’a duré quelques jours puis je voulais lire votre brochure avant de vous écrire. Je trouve cela très intéressant & cela se fait lire jusqu’au bout, sans fatigue quoique la matière traitée ne soit pas familière à tous. Il y a, certes, sujet là à illustrations : le vieux jusrisconsulte « dans la rue empierrée, boueuse & miroitante » fait image ; – puis l’entrevue « la principale scène dans les paysages, – enfin le lit de mort sont très faisables. Je préfèrerais cependant pour une plaquette un frontispice, simplement : Le vieux président assis au pied d’une grande figure du droit ; dans l’herbe une pierre tombale avec la ? . – Sur la statue du Droit grimpe les plantes folles & un oiseau chante perché sur les tables de la loi : l’Éternelle Nature. – Si c’était à Paris – nous y ajouterions deux amoureux

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se dirigeant vers « les grands bois sourds ». Mais à Bruxelles ! Jamais !

– Je suis très heureux Mon Cher Picard que le morceau de musique vous ai plu, moi je trouve que : – ce n’est pas du tout ça !! ! – J’ai retiré ma clientèle à Cadart pour le joli coup qu’il a fait, après lui avoir dit ce que j’avais à dire, & de telle façon que les employés de la maison en verdissaient pour le patron, – atterré d’ailleurs, mais ne soufflant mot. Je ne peux faire tirer ailleurs le frontispice parce qu’il a le papier & que chaque imprimeur ayant son papier, il arriverait que nous aurions deux papiers différents dans le cahier ce qui ne peut être.

Je vous engage à faire tirer 50 exemplaires. Vous en avez quarante. Cinquante est un chiffre rond. La feuille que je vais vous faire tirer sera comme le modèle ci-joint, pour les quarante épreuves que vous avez déja. – Pour les dix qui restent à tirer le petit amour du n° d’ordre sera placé avant le frontispice, (ce qui est plus régulier comme bibliophilie, et la vignette de marque d’imprimerie de la fin sera donc tirée sur son feuillet correspondant. De même que le

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feuillet correspondant du frontispice, sera, pour ces dix exemplaires derniers la 9e & dernière page de la musique.

Vous me dites Mon Cher Picard de ne pas distribuer les croquis et les dessins du cahier, c’est tout naturel puisque le dessin du frontispice vous appartient. J’y joindrai le croquis de l’Orphée, qui n’est qu’un premier état sur les 40 premières couvertures quelques questions :

1° Faut-il tirer 40 premiers états du frontispice ou faut-il seulement en tirer dix

2° Faut-il tirer sur Japon ces dix derniers exemplaires ? (Cela couterait sur beau Japon Blanc 50 frs pour dix exemplaires (il faut décompter sur cette somme le prix du papier Hollande ordinaire)

3° Faut-il tirer cinquante exemplaires du 2e État de l’Orphée (pour ajouter aux autres exemplaires que vous avez,) dans ce cas je ferai tout de suite tirer 10 épreuves du premier état, pour que tous les exemplaires ayant le premier et le 2e État de l’Orphée Le premier 2e État sera beaucoup beaucoup plus complet.

R.S.P

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Quoique les dessins du frontispice de l’orphée & de la marque d’imprimer ne sont pas bien éblouissants, ils vous composerait un exemplaire unique & je ne manquerai pas à vous les envoyer. Je crois donc qu’il est nécessaire que vous vous fassiez tirer votre exemplaire sur Japon. Quand j’irai à Bruxelles vous me donnerez deux exemplaires de la romance s’i vous en avez assez. Je ferai seulement avec votre autorisation tirer quelques épreuves des quatre planches. Vous me demandez le compte du graveur, mais le graveur a été je crois payé – malheureusement – sans cela je ne l’aurais pas payé avant qu’il n’achevât son travail. – Je vous enverrai le compte d’imprimerie, de nettoyage de planches & de papier de Cadart. Je règlerai avec lui, je règlerai avec lui pour qu’il ne vous exploite pas, s’il vous avait écrit dites lui de s’adresser à moi. Envoyez moi toujours 200 frs en à compte s’il me demande de l’argent, – comme nous sommes en délicatesse. Je ne sais pas du tout à combien se monte son compte, parce que le nettoyage des planches embrouille la chose. Mais ne craignez rien, je tirerai tout cela au clair & à votre avantage.

Je vous enverrai les quatre planches que vous garderez si dans quelques temps vous vouliez faire tirer, à Bruxelles ou ici, une Édition plus commune de cette romance.

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Quelqu’un de très renseigné peut être « un mal renseigné » me dit que quelques uns de vos amis reprennent l’Artiste qui voulait mourir. l’Idée n’est point mauvaise dans tous les cas. – Ce journal devrait faire comme le journal des Beaux Arts de St Nicolas & de MrSiret : Publier toutes les années un cahier d’eaux fortes en prime, ou une belle eau forte tous les mois et faire des abonnés avec eau-forte & sans eau-forte

– Les eaux fortes roulées sous carton s’expédient avec facilité aux abonnés. Avis si vous connaissez les nouveaux maîtres du journal.

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