Numéro d'édition: 0529
Lettre de Félicien Rops à [Léon Evely]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Léon Evely
Lieu de rédaction
s.l.
Date
1884/06/09
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
III/215/1/28a
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Page 1 Recto : 1
Première lettre du 9 juin 1884
Mon Vieux Evely j’ai été malade comme si j’avais été élève de Cabanel et même comme si j’avais été Cabanel – lui-même en personne :
Si j’étais Ca
Si j’étais Caca
Si j’étais Cabanel !
dit la chansons de rapins. Aujourdhui 9 juin je m’éveille bien portant, 9 juin jour de la St Félicien, au milieu des bouquets envoyés 1° par mon fils Paul de Thozée, 2° par ma fille Claire de Douvres, 3° par ma fille Jenny de Gênes. – Car Mon Cher Evely personne n’est adoré de ses enfants comme moi, vous voyez que le vrai c’est d’en avoir dans les cinq parties du monde, – de femmes différentes ! – de les élever merveilleusement, de leur donner le goût des fleurs & de toutes les belles choses & de vivre en patriarche. Car en dehors des patriarches les fondateurs de religions n’étaient que de profonds crétins. Pour ma part le Christ, ce mouton bêlant escouillé m’est particulièrement odieux.
Il n’y a pas dans sa vie un seul fait qui vaille la peine qu’on s’en occupe. Il chippe une morale vieille comme le monde, & que les vieux : le bon Zorsastre & Confucius avaient inventée, & puis au lieu de faire une bonne révolution, de fonder un bon empire comme Mahomet, il se laisse pincer comme un lapin dans le jardin des Oliviers, où il n’avait pas même de rendez vous pour expliquer son cas !
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c’est moi qui l’aurait fait crucifier, cet histérique à femmes !
Tout cela c’était pour vous dire que j’ai été très malade Mon Cher Evely, mais très malade ! Un rien & les bons camarades avaient raison ! Je devenais fou ! Pour de vrai. J’ai eu une espèce de congestion cérébrale.
Au fond ce paresseux de Rops avait trop travaillé. Ce n’est pas que la position de Fou me déplaise & j’ai toujours envié le sort des gens qui entendent chanter les fleurs, voient danser les étoiles & se croient quarante membres virils sous le nombril avec lesquels ils baisent la Reine de Saba & les deux cents déesses de l’Olympe, mais cela vaut évidemment mieux que d’entendre les discours des chambres hautes & basses & d’aller à la messe ; mais pour le moment, cela ferait trop de plaisir à [ illisible: barré ]
Détails
Support
1 feuillets, 2 pages, Vergé, Crème.
Dimensions
177 x 114 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR