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Paris 26 janvier 1885
Mon Cher Vieux
Je t’écris pour une affaire des plus importantes : Je viens te demander de me prêter pour deux mois les mille francs que tu m’as si généreusement & si gracieusement offerts il y a quelques semaines.
Les affaires marchent bien, mais nous avons des rentrées difficiles & une de nos principales clientes qui devait nous envoyer deux mille francs pour la fin du mois, nous écrit qu’elle viendra fin février à Paris & qu’elle nous paiera à cette époque. Comme c’est une femme fort riche on ne peut guère lui forcer la main sous peine de perdre sa « pratique » & c’est fort important. Puis comme une chose ne vient jamais seule, ma pauvre mignonne fillette a attrapé une espèce de fluxion de poitrine, de sorte qu’au milieu de ces ennuis, je n’avais plus guère la
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tête à moi.
J’ai pensé à toi Mon Vieux Cariès, dont la jeune amitié me parait vieille. Je compte sur cette amitié que tu m’as montrée & j’espère qu’elle va me venir en aide dans ce mauvais pas. Le 1er avril prochain toutes les difficultés seront aplanies & tu peux compter sur la rentrée absolue de cette somme. – C’est parce que j’apporte toujours une grande correction dans ces choses là, que je n’hésite pas à te demander cet important service.
Encore une fois, Mon Vieux je compte sur toi & je connais assez ton cœur pour savoir que tu feras tout pour m’en tirer.
Au reçu de cette lettre télégraphie moi un mot avant de me répondre & pour me calmer car je ne dors plus. J’attendrai ta lettre avec plus de confiance & de calme.
C’est pour le 4 février qu’il me faudrait ces mille francs.
À toi de cœur & bonnes amitiés d’ici
Félicien Rops
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La mignonne va un peu mieux aujourdhui. C’est déja un bon point contre la mauvaise chance, j’espère que tu m’enverras le 2e