Page 1 Recto : 1
La Guymorais – par St Méloir-des-Ondes (Ille & Vilaine)
Mon bon Nadar,
je t’envoie une « étude patronymique » sur Rops que tu n’as pas ; j’en ai deux exemplaires, j’envoie l’autre à l’ami <Guillemot> . C’est plein de fautes d’impression, mal imprimé, mal reproduit, tout mal !! – Aussi l’auteur, Eugène Demolder, aussi auteur de deux livres très originaux : Les Contes d’Yperdamme et les Récits de Nazareth, va en publier une autre édition et mettra celle-ci au pilon. Je te l’envoie comme livre rare, tout simplement. Fais pas attention aux éloges : Demolder est mon cousin, et il fait reluire la famille « c’est difficile mais voilà ce qu’il obtient ! » Puis il est enteté comme toute une corporation, il me veut Flamand, et il farfouille d[an]s tous les ossuaires, pour y trouver d’autres cousins, et me les flanquer à la figure. Je lui pardonne. – Si tu le voyais ! C’est
Page 1 Verso : 2
un Franz Hals ! Il est carré comme l’hypoténuse, trente pintes de lambic par jour, et lorsqu’il passe au pied des tours de la cathédrale, les « Jacquemards » sonnent d’eux mêmes en tremblant ; quand il sera bourguemestre de Bruxelles, les boissons n’auront pas d’impôt ! Et avec cela un talent très fin, arrange cela ! Et polisson ! quand il trouve une taupe morte, il la retourne pour regarder son sexe ! –
À propos, envoie moi ton projet de devise.
Il fait meilleur à l’Ermitage qu’ici, Temps noir ! mais il y a l’Océan, quoiqu’il ait l’air d’avoir été bien embêté par Chateaubriand, lequel a dû le prendre pour confident dans le cas de Mme Récamier, et il en grogne.
– Bonnes amitiés de nous tous à ta chère femme et nous espérons sa visite à la rentrée. Si Blanchon est encore ton hôte fais-lui mes bonnes amitiés itou, je le reverrai avec plaisir.
Ton ancien
Fély.