Page 1 Recto : 1
Je t’écris sur des papiers fantastiques !
Paul revient guéri. Il ira te faire visite. – Inutile de lui montrer le portrait d’Alice, il la connaît et cela pourrait faire naître des rapprochements & des bavardages. – Tu as assisté sans t’en douter au drame le plus fantastique qui soit au monde. Tu as vu le changement physique de cette pauvre fille en une nuit, et tu es trop peintre pour ne pas avoir vu qu’il s’était passé là, à l’insu de la mère (– pour laquelle il fallait aller poser !) – une de ces choses qui tuent une jeune fille en vingt cinq minutes quand elles n’y résistent pas. – Ah la vie a des moments drôles et imprévus & sublimes à la fois comme dans Shakespeare ! – Tu as vu que la jolie fille de mercredi, lorsque je te l’ai présentée, et celle du lendemain n’était pas la même ! – Il y avait eu comme dans la coupe & les lèvres de Musset, place pour un malheur et qui eu pu encore être plus grand !! – Ma chance endiablée, – ma chance de pendu m’a sauvé. – Toi, tu as été superbe au milieu de cela, et tu as eu sans le savoir des mots qui portaient comme des balles. – Et le portrait qui allait à travers tout ! Inouï mon ami ! – – Je pars pour Paris et pour d’autres lieux éloignés & vagues. – Il faut que je secoue mes nerfs. – Si tu vois la mignonne Alice dis lui que je t’ai écrit un mot des environs de Namur.
Je te raconterai tout cela et tu tomberas sur
Page 1 Verso : 2
ton cul comme dit Dubois. –
À bientôt Je te serre bien la main de vieille amitié.
Achève le portrait de Paul je te prie car c’est réellement une bonne chose, si nous l’exposions à Gand ?