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La Demi-Lune, Essonnes, Seine & Oise 28 mars 1896
Ma Chère Joséphine, je te présente mon gendre MrEugène Demolder, qui te dira l’impossibilité absolue où je me trouvais il y a un mois, de pouvoir partir pour Bruxelles, et d’assister aux obsèques de notre pauvre ami Victor Hallaux, le meilleur et le plus vieux de tout mes amis.
Tu comprendras facilement Ma Chère Joséphine, que si je n’étais pas, et des premiers, à l’enterrement de notre très cher et très regretté Victor, c’est que le cas d’impossibilité absolueétait fragrant. Depuis Trois mois je suis gravementmalade. Je ne peux quitter ma chambre, et les médecins m’ont défendu de partir pour Bruxelles, quelles que soient les raisons qui me forçaient à faire ce voyage. Et il fallait, Ma Chère Joséphine, que la défense des médecins fût bien grave pour m’empêcher de remplir un devoir aussi sérieux que celui d’accompagner à sa dernière demeure mon vieux camarade et de lui faire mes derniers adieux. – J’irai à Bruxelles prochainement, et ma première visite sera pour toi. Je comptais aller à Bruxelles il y a une quinzaine de jours, mais j’avais trop compté sur mes forces, et je suis moins vigoureux que je ne le croyais. Je dois encore patienter une semaine ou deux. – En attendant je t’embrasse de tout cœur et je puis t’assurer qu’aucun des amis de Victor n’oubliera combien tu fus toujours pour lui, une bonne et dévouée compagne.