Lettre de Félicien Rops à [Octave Pirmez]

Page 1 Recto : 1

Venons à vous Octave, et Écoutez et croyez moi Votre défaut, votre votre plus grand défaut à vous plus qu’un défaut presqu’un vice, c’est de ne pas aimer assez la VIE – et ce n’est pas votre faute à vous, qu’avez-vous pu sentir vous êtes né très riche, votre enfance s’est écoulée douce, calme toute remplie de sourires et de caresses, votre jeunesse a vu tous ses désirs servis et satisfaits, et votre jeunesse a vu tous ses désirs servis et satisfaits par les mille fées qui portent la livrée de l’opulence sont aux ordres de l’opulence ; – un autre que vous serait devenu bête, égoiste cinyque cynique et blasé, il y a assez de poisons dans le régime que la Richesse fait aux adolescents jesuivre. fait suivre à ses jeunes protégés pour tuer dix intelligences, comme la vôtre, – quoique vous soyez admirer par v vous avez échappé par j’ignore quel miracle il fa Il faut que vous soyez admirablement doué pour avoir traversé cette cet abêtissement, – vous avez échappé et c’est pour cela que vous êtes malheureux, –Pauvre, Octave, vous eussiez pu sentir l’amour élu le Pauvre, Mon Cher Octave, vous eussiez été le frêle jeune homme qui demande aux nuits studieuses les secrets de la science ou de l’art, – puis seraient venus comme seraitent arrivé tout un L’Ambit le cortège d’après et de puissantes sensations que Dieu fait tomber sur la jeunesse militante pour la rendre forte et énergique : – L’Ambition Des Ambitions titanesques

Page 1 Verso : 2

qui vous gonflent le cœur et vou font monter au font bouffées fiévreuses, – des joies folles quant l’artiste ou le poëte se voit avancer dans sa route pénible – des découragements terribles, des lassitudes morales qui vous briseraient comme un verre si pardessus tout cela brillait par la gloire, étincelant météore toutes choses que Dieu invoie à la jeunesse militante pour la rendre forte courageuse énergique et qui qui montre aux faibles à la jeunesse militante le chemin de la terre promise – alors on se met à aimer follement la VIE pour qu’elle vous donne LA LUTTE qui est pour moi le plus grand bonheur qui puisse être donné à un homme – le bonheur complet comme l’entendent les conventions sociales n’est qu’un anéantissement des facultés qui restent inertes énervés sans moteur et sans but, quand on est bête il n’y a pas grand mal, on mange, on boit beaucoup, on rit, on fait L’Homme bête est le seul qui puisse jouir complètement de cette sorte de bonheur : il rit, boit beaucoup, chasse, monte à cheval, rit des plaisa bons mots de son groom et un mon Dieu il peut etre aussi heureux que son cheval rien ne l’en empêche mais l’homme intelligent atteint de cette félicité est réellement malheureux et qui ne sait pas en sortir est réellement malheureux il lui alors aspirations fantastiques et des rêves incom incommensurables qui voudraient demander à d’autres planètes mondes leur

Page 1 Recto : 3

réalisation et qui ne prouvent la faiblesse morale on vous met cette situation comme les désirs monstrueux de certains vieillards prouvent la faiblesse physique. – Ne demandons à la terre ce quelle peut nous donner et elle donne beaucoup, comment, diable Pour essayer mon Cher Octave et vous verrez Ne croyez pas que je veuille vous conseiller d’aller vous enfermer dans une mansarde, d’allumer la lampe de veille et de mépriser la richesse. bien au contraire, la richesse lorsqu’on a com la richesse lorsqu’on a échappé à ses premières étreintes qui sont malsaine mortelles pour un jeune homme dev devient alors un levier puissant pour soulever l’avenir – je peux vous parler de tout cela mon Cher Octave mais jetez un but dans votre existence et vous VIVREZ – Cela vous paraîtra drole Mon Cher Tout cela vous paraîtra peut être drôle Mon Cher Octave, nous sommes du même âge cela ne me donne guère le droit de vous parler ainsi si vous le trouvez mauvais cela m’est égal, je vous aurais dit ce que je pensais de vous. Je regretterai seulement de vous avoir vu passer à coté d’une amitié qui ne demandait pas mieux que de devenir dévouée, car je crois que la Sympathie cette belle fille blonde qui a toujours les mains tendues avait fait serrer les nôtres le jour où nous nous sommes rencontrés – Enfin. Enfin vous fais ce que dois advienne que pourras – fais en raison de vous

Page 1 Verso : 4

si je vous écrit tout cela Mon Cher Octave C’est que nous n’avons pas été elevés à la même école, j’ai 25 ans à q pendant six ans ma famille exaspérée de me voir devenir artiste m’avait privé de ressources pour me forcer à reprendre une

Si j’av J’avais perdu mon père à quinze et un – c’était de Mozard de Bethoven vous dire quelque c’était.

Voilà la choseder Freyschutsallons toujours la musiqueCarlo Maria Weber

Tout un monde – Il eut compris lui mon père. – Eh bien mon Cher Octave je vous assure que c’est un rude apprentissage – tan que j’ai été plus riche –