Lettre de Félicien Rops à [Henri Liesse]

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Mes meubles de la rue Labie sont saisis pour dettes, – voici ma nouvelle adresse : 17 rue Drouot. J’ai pris quelques meubles en location en attendant. J’ai d’un autre côté Sembach qui était dans mes meubles, rue des Petits Carmes qui les a laissés saisir, d’où procès que je supporte & pour lequel j’ai dû fournir « provision » ainsi que le dit mon avoué de Bruxelles, c’est à dire payer 250 frs d’avance sinon ma bibliothèque, mes estampes, tout était vendu. Je suis resté à Heyst faute d’argent & j’ai fait des décors pour acquitter mes frais. – Mon éditeur me doit six planches dont pas un sou : voilà la situation. –

– on vante beaucoup mon talent mais on ne m’offre rien dessus. Comme toi, j’ai le travail difficile pénible & je veux faire bien, avec cela on ne gagne pas d’argent ici.

Pour te prouver ma bonne volonté je veux bien te donner des dessins & pour te prouver que si je ne les vends pas ce n’est pas de ma faute. – Si j’avais des rentes je serais inexcusable, je n’en ai plus, – dès que je vends quelque chose je t’envoie la moitié de ce que je touche, quand le diable y serait je ne peux faire plus ! – & rien n’y fera plus.

Je suis absolument sans le sou : Tu te fâcheras & moi aussi que cela n’avanceras pas les choses ! – Je ferai sois en persuadé l’impossible pour t’en tirer & pour m’en tirer

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Si j’ai de l’argent dans une dizaine de jours je t’en enverrai. – J’espère te donner une centaine de francs par mois quand je les aurai ce que j’espère, quand je ne les aurai pas je t’en enverrai cinquante, je ferai de mon mieux sois en certain ! – Il est malheureux que l’affaire Roumestan ait raté à l’Illustration, je sais d’ailleurs que Daudet ne m’a pas soutenu là. – & cela à cause de l’affaire Charpentier (que je suis d’ailleurs content de n’avoir pas accepté, parce que ces deux dessins pauvrets dans chaque volume sont hideux à voir.) très probablement. – Ils ont eu des dessins hideux voilà tout, à l’Illustration, ils n’y ont gagné que cela.

– On me doit à moi, de l’argent & assez bien j’espère encore en faire rentrer & alors je t’en enverrai, dès que l’éditeur paiera.

Voilà tout ce que je peux te dire mon vieux, te plaindre de ce que l’on ne m’achète pas mes œuvres c’est comme si tu te plaignais de ne pas vendre très bien les tiennes. C’est absolument la même chose, & j’ai aussi bonne volonté de les vendre que toi ! Tu me diras : fais comme Adrien Marie, je te répondrai : Fais comme Burnach – et nous aurons tort tous les deux. – Je tâcherai de nous en sortir c’est tout ce que je peux promettre, si j’étais dans une position autre qu’une position aussi précaire que la tienne tu pourrais m’en vouloir, mais je suis plus bas que toi. –