Numéro d'édition: 1552
Lettre de Félicien Rops à [Eugène Demolder]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Eugène Demolder
Lieu de rédaction
Corbeil-Essonnes, Demi-Lune
Date
1890/10/13
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
72039/20
Collationnage
Scan
Date de fin
1890/10/13
Cachet d'envoi
1890/10/13
Lieu de conservation
France, Paris, Ancienne collection du Musée des lettres et manuscrits
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Page 1 Recto : 1
La Demi-Lune 13 oct 1890
Mon Cher Eugène,
Ce que tu me dis me surprend, et ce faux-bruit « du Monsieur me cherchant pour me tuer » ne peut être qu’une fausse interprétation, mal répétée ensuite, d’un propos imprudent tenu par un témoin. Il y a de la fumée, mais on ignore où est le feu. Cependant je suis très sûr de mes témoins. J’ai eu grand peine à dépister les reporters qui eux aussi avaient senti la fumée, s’il ne l’avait pas vue. Quelle sale race ! On est tenté de leur flanquer trois louis & de leur dire : foutez moi la paix & aller potiner ailleurs. Payez vous.
– Tu sais que je suis de ceux que l’on trouve tout de suite quant « un Monsieur veut les tuer » J’ai même épargné à celui-ci la moitié du chemin. Il importe mon Cher Eugène que tu démentes à nouveau toute cette histoire. On ne sait pas la rapidité de marche d’une médisance & cela pourrait engendrer de nouvelles, fort mauvaises affaires, si ces bruits se répandaient. Cet un incident clos. – N’importe la femme en question m’a donné tout le bonheur que méritait mes crimes, et je ne me repents en rien ! D’ailleurs je ne connais rien de lâche comme le repentir & je l’ai en mépris. Il est évident que ma noble queue comme celle de la Tarasque, qui fut prise entre les deux battants de la porte de la cathédrale de Tarascon, ce qui fut la perte du monstre, lequel y laissa sa peau, me jouera quelques mauvais tour ! – Je lui donne d’avance mon absolution. Elle m’a causé assez de joie pour que je ne l’oublie pas. Elle a été l’ornement de ma nubilité, la pavane de ma jeunesse, et la fierté de mon âge mûr :
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Eiffel s’en est inspiré ! et hier, trempée dans le vin nouveau, – fils de l’aurore, – elle culbutait gaillardement, vers la mi-nuit la plus ronde de mes vendangeuses, Voilà !! Tant pis pour les Cafards et les pisse-froid ! Et cela, sur des bottes de luzerne comme au bon temps ! Et de la grosse fille sortait une bonne odeur de marc comme d’une futaille pleine ! C’est le patchouli de la vendange ! – Et toute ma vie elle m’a tenu en gaieté ! Lorsqu’elle ne me servira plus, je la ferai mouler, & pieux et reconnaissant, j’en suspendrai la belle effigie au tronc d’un grand chène, père des glands verdoyants.
Voilà mon Cher Eugène ! Aussitôt rentré je retrouverai ma lettre de Juin, égarée à nouveau, & je te l’expédierai.
Fais-moi le plaisir extrême de mettre deux timbres-postes de 25 centimes sur ces deux lettres afin d’éviter encore des fâcheux & des fâcheuses. Je prétexte un voyage à Bruxelles, pour qu’on me laisse en paix jouir de mes derniers beaux jours d’octobre. Puis dis-moi le prix de mes boîtes de froment foudroyant, & je t’enverrai ces sommes, car j’aurai souvent besoin de ton extrême complaisance. Ce « car » est divin !
Ton vieil & jeune ami
F.R.
Jusques à quand l’Exposition ?
Es-t-elle curieuse ?
Croquis
Non surrexit mayor
! / La Bible.
Détails
Support
1 feuillets, 1 pages.
Dimensions
indisponible x indisponible mm
Copyright
Ancienne collection - Musée des lettres et manuscrits