Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]

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Ne vous dérangez pas pour moi, car il vient d’arriver d’Amérique un télégramme qui m’empêchera peut être d’aller en Belgique pour le moment. Nous remettrons donc à plus tard notre entretien sur toutes les choses que nous cherchons ensemble, & la visite à l’Exposition des XX.

– Pourrais-t on se procurer du Japon N°1 à Bruxelles ou à Liége sans devoir le faire venir ?

– Ce Japon n°1 est-il de la même force sous les différents formats ?

– Pourrais-je en recevoir six ou huit feuilles avant d’en commander davantage ?

– Vous me demandez Mon Cher Monsieur Rasenfosse si la photogravure ratée de Ramiro a été faite d’après l’aquarelle ou d’après le dessin ? Elle a été faite d’après le même dessin. Je crois que Gaujean le graveur y a travaillé. Comme la coloration, (– pas le Dessin !) – était amusante dans les tons noirs j’ai taché de la retrouver par les aqua-tintes, & par des applications de vernis-mous. La planche n’est pas superbe comme vous le dites, c’est une « salade tournée » mais je vais faire baisser le ton par le planeur & je recommencerai avec de nouveaux vernis,

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et surtout avec d’autres mordants que les chromiques ! – L’acide Chromique mord merveilleusement le cuivre, mais ces morsures étant spéciales comme caractère, chaque fois que l’on fera mordre de l’aqua-tinte au Chromique on aura un ton de photogravure. Je vous montrerai ou plutot je vous enverrai un bonhomme dont la figure et une partie du vêtement ont été mordus à l’acide Chromique sur un grain d’aquatinte à la boîte. Et sur le même grain la morsure continué à l’acide azotique & au perchlorure. C’est un des résultats les plus curieux qui se puisse voir comme essai. Il n’y a pas eu l’ombre de photogravure et Braquemond a parié un souper avec moi, – qu’il a perdu, que la partie du dessus était photogravée. Je lui ai refait l’expérience, & il a été convaincu. Un graveur à la Tinte assez adroit, Paul avril, vient de faire paraître il y a trois mois une série d’Illustrations, que j’ai prises pour des photogravures, et il paraît que tout cela est fait avec des aqua-tintes liquides, mais traitées d’une façon spéciale ! On ne sait plus à quoi s’en tenir ! Raison de plus pour que tout ce que l’on fait « de ses mains » maintenant, soit accentué différamment aux résultats photogravurés. Je crois qu’il faut se rapprocher plutôt de la lithographie, c’est pour cela que je tenais au grain, ce que la photogravure donne d’une façon incomplète, à coté du vernis mou.

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Maintenant j’avoue que si demain un inventeur venait me donner des photogravures rendant bien mon dessin, j’en userais sans vergogne ! Et là je suis de votre avis : le résultat est tout. Mais jusqu’à présent, la photogravure ne m’a donné que des résultats tout à fait lourds, pâteux et salement colorés.