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Paris 3 mai 1890.
Mon Cher Rasenfosse
Il faut que vous m’excusiez très indulgemment. Figurez vous que je croyais avoir répondu à la lettre dans laquelle vous m’avez envoyé des croquis obtenus par le procédé Morreels. J’avais écrit quelques lignes, (que je vous envoie) j’avais cacheté, mis l’adresse & un timbre, puis je l’avais laissée « poche restante ». Il doit y avoir de cela quelque chose comme un bon mois. J’ai retrouvé la lettre en tâchant de retrouver une clef perdue, et en faisant l’inventaire de mes poches ! – Cette lettre pourrait servir de carte d’admission à Charenton. Il faudra que je me soigne !!
Comme je vous le disais, je trouve le trait très bien venu dans le procédé Morreels, & traité de cette façon il peut rendre de réels services comme croquis négligé, ou comme 1er État.
Je vous remercie beaucoup de l’envoi du nouveau vernis, mais hélas je n’ai pu l’essayer ! La bouteille était brisée en mille morceaux & le vernis farçi de ces
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morceaux là, jusqu’à l’impossibilité complète d’en utiliser même une parcelle. Mettez le comble à votre gracieuseté en m’en expédiant une nouvelle bouteille, s.v.p ! – Je n’ai pu depuis deux mois m’occuper de gravure, tenu que je suis par ce Maudit Zadig, qui me crève. Si vous avez de nouveaux essais de gravure n’oubliez pas je vous prie de les joindre à l’envoi, cela m’égayera, car les aquarelles m’ennuient fort.
Exposition ouverte : la halle ordinaire. L’autre « le Salon » ouvre le 15. Vous viendrez probablement ? Prévenez moi quelques jours à l’avance n’est ce pas ?
À toute vapeur : je vous serre affectueusement la main
Rops