Numéro d'édition: 1761
Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Armand Rassenfosse
Lieu de rédaction
Paris
Date
1892/02/12
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6957/19/90
Collationnage
Autographe
Date de fin
1892/02/12
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Page 1 Recto : 1
Paris le 12 fév. 1892.
Vous voyez Mon Cher Rassenfosse, – puisque vous vous occupez toujours des mêmes choses que moi, que la Télépathie, dont on s’occupe tant maintenant, a quelque raison d’être. Je commence à y croire vraiment. – Il y a bien à chercher & à trouver dans notre nouveau champ d’épreuves ! Ce que nous pouvons certifier d’avance, c’est que : 1° Aucun papier non grainé, ne donne l’aspect du travail des papiers grainés artificiellement. – 2° que aucun grain ne donne un travail semblable. Ce sont déja des axiomes sur lesquels on peut s’avancer sûrement, & acquis. Reste la question de papiers et d’encollage : colle Bergez, – colle forte, gomme arabique, colle de pâte. Et celles des poudres : albâtre, – pierre de sable pulvérisée, grès en poudre, os de seiche, – pierre ponce, émeri, verre pilé, etc & &c. Suivant les poudres : grains différents. – Évidemment : « plus les papiers seront minces, plus le travail viendra net, » cependant cette règle est loin d’être absolue, et je m’en suis aperçu il y a quelque temps dans mes derniers essais, que je vous enverrai dans le courant de la prochaine semaine, en épreuves. Qu’est ce que ce papier lithographique » à grains, que vous m’envoyez ? a quoi cela sert-il en lithographie ? Je ne l’ai pas encore essayé, mais je vois qu’il a un grain très joli, très fin, très distingué ; si on pouvait obtenir ce grain sur des papiers légers, ce serait je crois parfait ! On doit obtenir ces grains par des planches de métal à ce que je crois. Nous nous occuperons de cela lorsque vous serez ici. Je serais enchanté de vous voir certainement
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ici Mon Cher Rasenfosse, mais il ne faudrait pas que cette visite de février vous empêchât de faire votre visite de Mai, qui est bien d’une autre importance pour vous que celle-ci. Il ne faut jamais manquer le pélérinage de mai ! Sans cela on n’est plus « du bateau » comme on dit ici, ni dans le train. Faites des économies pour ne pas les manquer les salons de mai. Il vaut mieux venir à Paris deux fois qu’une. Mais il est préférable si vous n’y venez qu’une fois l’an, de choisir le 15 Mai comme date : du 15 mai au 1er juin.
– Quant au N°5, je crois que si je le mets mal, c’est que je le chauffe trop. Il reste sur le cuivre des traces brillantes, des zébrures qui n’arrivent pas toutes les fois. – Je vais chauffer moins. – Dans quelles quantités faut-il mettre la benzine de houille ordinaire, pour liquéfier le vernis, et quelles qualités cela peut-il lui donner de la mettre par épandation au lieu de le rouler ? Vous me feriez plaisir de m’envoyer une bouteille de N°5 avec benzine de Houille. Généralement les vernis liquéfiés donnent « plus fin » à ce qu’il me semble. – Les croquis ou du moins « le croquis » car il n’y a guère que la tête de Tunisienne qui compte dans l’épreuve que je vous ai envoyée a été fait sur un papier verré, sur vernis n°5 ancien. et mordu au perchlorure de fer, à plat, et en arrêtant la morsure, trop tôt pour avoir des noirs. Avant de faire mordre j’avais passé un peu d’estompe dans le fond contre la joue et sur le bandeau d’étoffe qui est audessus du front.
Maintenant la poudre de verre « gratte » très souvent sous le crayon. Le grain est trop dur. Je prefère des grains moins solides et plus réguliers. Il faut d’ailleurs essayer toujours. Ce que fait l’un, l’autre ne le fait pas, et vice-versa.
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Ce que vous dites de l’ancien vernis mou, est très juste et la preuve de cela c’est que : lorsqu’on retourne le dessin que l’on a fait sur vernis mou ancien on a un décalque parfait en bistre – couleur du vernis, – de son dessin. L’ancien vernis mou est très bon mais donne toujours gros, avec des papiers ordinaires ; il est vrai qu’avec des grains factices, il devrait se soumettre à faire « fin» forcément. Il faudra aussi que j’essaie des grains factices sur d’autres vernis, tels que le vernis noir ordinaire, vernis blanc etc &c Notre nouvelle excursion en pays inconnu peut s’étendre très loin, et certainement va nous ouvrir de nouvelles ressources et de nouveaux horizons, comme je vous le disais dans ma précédente lettre. – Ayons la foi !
À bientôt Mon Cher Rassenfosse & bonnes amitiés de
Félicien R
Je travaille « très » cela me fait une diversion salutaire à mes peines.
Croyez vous que Dewitte ne viendra pas à Paris en mai ? Je voudrais avoir mon portrait gravé par lui, & cela me ferait une joie. – Je fais quelques jolis dessins pour Liége, pour Mr et Mme Henrard vers le 20 mars vous recevrez cela.
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P.S. À propos comme vous êtes à Liége & que je n’y suis pas, faites moi aussi le plaisir d’aller à l’adresse ci-jointe. 80 Rue des Guillemins vous informer si le Mr dont le nom est sur cette carte, reste encore dans cette maison, et, s’il n’y réside plus, si l’on peut obtenir son adresse actuelle. Merci d’avance.
F.R
Encore un P.S ! le dernier ! Quel papier, – quel nom de papier dois-je demander pour obtenir ce papier à grain ? Et chez qui ? est ce que la maison Lemercier rue de Seine existe encore comme débit de fournitures lithographiques ?? Peux-t on l’avoir en grandes feuilles ?
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Vergé, Gris-vert?.
Dimensions
176 x 228 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR