Lettre de Félicien Rops à [Théodore Hannon]

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Il n’y a plus de ma faute cette fois s’il y a retard dans la mise en lumière du volume mon Cher Théo, mes planches sont là & ce cochon de Delâtre me fait attendre. Je viens de chez lui & j’ai trouvé son fils qui achevait paisiblement (!!) le tirage du frontispice, dont je croyais déja les épreuves chez Gay ! J’ai fait une scène à tout casser. Delâtre était allé faire au Soleil son Lundi, qui est un Mardi ! – de Pentecôte ! – Le tirage de toutes les planches m’était promis pour le 10 juin au plus tard ! – C’est dégoutant. Ces cochons d’imprimeurs : Cadart, Nys, Delatre &c &c se ressemblent tous : ils prennent de l’ouvrage & le flanquent dans un coin. Mes planches sont là, chez Delâtre, sur la planche d’attente !!! . – J’ai failli les reprendre & les porter chez Salmon mais cela ne m’avancerait pas le papier est coupé ! – Je suis exaspéré. – Voilà ce que nous ferons : nous allons bien préparer le volume, tu le livreras à tes souscripteurs pour toucher de l’argent, puis en septembre fin septembre, dans deux mois ½, nous

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le faisons paraître pour la rentrée avec des tirages de planches bizarres chez les libraires, je te promets un fort coup de main pour la rentrée. C’est le vrai moment de Paris. Puis pendant ce temps nous préparons ton second volume pour lequel je te ferai un frontispice aussi & nous te faisons profiter du bruit du premier. Voilà. Prends bon courage cela marchera fort bien ainsi. Ce qui a été le plus préjudiciable au Volume c’est cette idée de faire imprimer par Nys, qui n’a pas de presse !!

– J’ai confié à ce bon garcon drôle quelques cuivres pour être tirés le Dimanche. Voilà trois mois de cela, il n’a pas encore trouvé moyen de me tirer douze épreuves !!!!!!!!

– À propos, il s’installe ici à Paris comme imprimeur « en petite boutique » cela marchera peut-être, parce qu’il a beaucoup de sympathies parmi les artistes, mais N. de D. ! qu’il tâche de ne pas faire comme les autres ! Je comprends seulement pourquoi les grands éditeurs comme Quentin & Goupil ont tous leur imprimerie en taille douce. Ils n’arriveraient pas avec les imprimeurs-artistes qui impriment mieux mais qui n’impriment pas !! Si j’avais eu ma presse chez moi j’aurais pris un bon ouvrier & je me serais chargé de ton tirage, tellement j’étais hier embêté, pour toi & pour moi. Mais ma presse soumise à une pression énorme pour tirer des zincs a éclaté par les supports & il n’en reste que les rouleaux. Cela arrive quelques fois avec les presses qui ont 120 ans à peu près, comme celle-là.

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Gay recevra les épreuves à mesure qu’elles seront tirées. – J’ai vu le paquet de frontispices qui va partir cette semaine. Je vais les pousser au cul tous les jours. – Ils ont depuis trois mois malheureusement le tirage d’un grand sale volume d’Arsène Houssaye & ce vieil animal ne quitte pas l’imprimerie, il n’a que cela à faire !! –

On m’a dit du bien & beaucoup de ton exposition de la Chrysalide. À propos de la Chrysalide, si tu veux demander à Hanquet quelques épreuves de mon ancienne planche d’annonce de l’Exposition pour moi, cela me fera plaisir. – Tu les garderas, & si tu peux m’avoir la liste des numéros gagnants de l’Exposition cela me serait très agréable aussi. Je te réserve une foule d’épreuves aimables, je viens d’acheter une nouvelle presse, mais je n’en aurai « la jouissance qu’en juillet. a partir du 15 juillet je suis installé 17 rue Drouot. J’ai un petit atelier & même un lit à ta disposition. – Je compte te voir vers le 1er Juillet au plus tard. Vas-tu à Ostende ? Si tu y vas, j’irai sans faute. – Tachons de passer un bout de bains de mer ensemble. Nous travaillerons dur, de concert.

Bonnes amitiés à ta mère de tous ici & vieilles poignées de mains pour toi.

À toi

Fély

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