Lettre de Félicien Rops à [Théodore Hannon]

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Confidentielle

Tu as touché juste & c’est de cela que je te voulais te parler. Je pense comme Rousseau, – non pas parce que je lui ai parlé de cela, – mais parce que depuis que je suis revenu en Belgique je suis absolument épouvanté de la réputation qui t’es faite & comme tu es destiné à vivre en Belgique longtemps tu seras accablé sous le poids de la bêtise & de la bégueulerie bourgeoise. Il m’arrive à moi des affaires tellement graves que je suis forcé de ne pas mettre en montre ton volume – du moins les dessins et la petite affiche à Bruxelles. – Les choses en sont à ce point que plusieurs de mes ennemis se sont ligués dans ma famille et parlent – ceci entre nous – d’interdiction – de mon autorité paternelle vis à vis de mon fils (!!!) C’est monstrueux, c’est idiot c’est ainsi. Tu vois l’esprit Belge contre lequel tu veux t’élever & réagir. Tu seras submergé. Moi je me sauverai à grand peine. Voici donc ce que j’attends de toi : Tu reprendras chez Gay toutes les affiches.

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Tu lui interdiras d’en mettre une seule à Bruxelles ou en Belgique. Cette affiche ne peut absolument pas paraître en Belgique en aucun endroit, sinon, il suffit de ce dessin pour mettre le feu aux poudres. Je te dirai même que c’est l’envoi d’une de ces épreuves à un ami maladroit qui a été la goutte d’eau faisant déborder le vase ! Inde irae ! – Bref, si toi tu pâtiras plus tard de ces choses moi j’en pâtirais, et fort cruellementà l’instant. Donc la chose n’est pas discutable.

Pour te dedommager je te ferai tout ce que tu voudras pour les autres volumes. – C’est en partie à Gay que je dois cela. car au mépris de sa parole il n’a cessé de mettre mes initiales et même plus : (Fel. R) dans ses catalogues. C’est un homme auquel je ne peux plus me fier. Donc si tu ne veux pas être sa dupe agis énergiquement vis à vis de lui. Je compte que ton amitié n’hésitera pas en cette occasion. L’affiche est impossible en Belgique. Je te dirai encore beaucoup d’autres choses & plus longuement à Bruxelles.

Tu me donneras deux exemplaires de l’ouvrage un sur Japon & un sur grand papier vergé. Garde les en attendant.

Songe que la chose est trop grave comme je te l’ai dit tout à l’heure pour qu’elle soit même discutée.

Quant aux journaux, fais moi le plaisir

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de voir toi-même les rédacteurs de journaux & de leur dire que s’ils font l’éloge du livre ils ne doivent point appuyer sur le côté léger ni des poésies ni des dessins surtout.