Lettre de Félicien Rops à [ ]

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Porte vite ceci chez Pincebourde qui fera un bout de reproduction du croquis ci-joint pour « orner » la plaquette d’Eugène Demolder. Étude patronymique. Je ne sais pas trop comment cela pourra orner quelque chose, mais Demolder m’a prié de lui envoyer cela sans m’appeler « cher maître » ; alors je n’ai rien à lui refuser. Oh ! la chère maîtrise ; quelle odieuseté ! La voilà, mon vieux copain, l’autruche symbolique avalant des pierres, « virtus durissima coquit : la vertu digère les choses les plus dures ! » Je l’avais glissée sur le dur Charles Baudelaire, au beau milieu de mon frontispice des Épaves au temps heureux où, tous les soirs, nous déambulions de la Montagne de la Lune à la Montagne aux herbes potagères : Baudelaire, Albert Glatigny, Malassis, Asselineau, Arthur Stevens et moi devisant à perdre le souffle, de omni re scibili et quibusdan aliis. Quels bons et heureux souvenirs, et quelle belle conférence nous fit un matin, vers les trois heures de nuit, Baudelaire pour nous prouver à tous que, malgré les apparences, Chloderlos de Laclos restait supérieur à M. Jules Clouet qui, cependant, étant donné la température de son talent, serait, s’il ne mourait pas jeune, comme cela est arrivé à certains êtres privilégiés dont le génie absorbe la santé, évidemment de l’Académie française, et avant Jouvin ! Oh ! les bonnes nuitées. Et la mort a fait évanouir toutes ces cérébralités

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et tous ces cérébraux. Et les blondes Flamandes qui suivaient Jésus, où sont-elles les blondes ? où est celle qui fut la belle Heaulmière ? où sont les belles d’antan ? Allons, enterrons ces souvenirs. Et porte vite cette feuille à Pincebourde qui, lui, n’est pas mort et vit impudemment.