Lettre de Félicien Rops à [Edmond Carlier]

Page 1 Recto : 1

Ton télégramme – je garde les enveloppes – est arrivé par la poste le 5 octobre – hier soir Mardi à 5 heures Auré était partie depuis midi – Je t’avais télégraphié qu’elle partait Mardi. Dis moi quand tu as mis ce télégramme à Mons et quel jour et à quelle heure ? Est ce Mardi matin ou Lundi soir ? – Réponds. Il fait superbe ici. La table est bien diminuée ! – Liesse, Verhavert moi et « deux nouveaux » Pantazis un grec élève de Courbet bon grand garçon qui a du talent et le nommé Hooghen son ami encore un peintre. La Mignonne est partie ! en emportant bien des choses dans ses petites menottes ! et je passe mes nuits à tacher de retrouver le doux relent des amours passés dans les plis de son oreiller. – Les Baude sont venus ! et il a fallu se pocharder à l’hotel des Postes avec un tas

Page 1 Verso : 2

de marchands de soupe & allemands !! Liesse a fait des impairs merveilleux ! c’est l’impaireur de France ! – décidément. – On a bien regretté que tu ne sois pas venu à Givet. gros prometteur de beaux jours ! Je ne sais pas encore si je pars pour la Sicile et la Tunisie. Cela dépend de deux ou trois questions problématiques qui seront résolues cette semaine. – Je ne voudrais pas manquer cela. Il faut toujours aller en Italie !! C’est fatal ! on n’échappe pas à cela ! – Envoie argent te prie & le compte itou. Viens l’apporter, & passer une soirée avec nous. Nous rirons un brin maintenant que nous sommes entre nous ! La mayoresse est allée donner la pâture au Mayor – ad majorem Cupidoni gloriam ! – Ca ne me trouble pas Viens donc ! Nous dirons du mal de tous ceux qui sont partis. Tell est superbe mais il est temps que tu le dresses. – Il m’a mangé une paire de souliers et deux tubes de bleu de cobalt, il a au moins pour 7 frs 50 d’azur dans le corps. Il doit voir bleu ! Les coteaux se dorent et les peupliers jaunissent comme des louis neufs !