Peintre, pastelliste, dessinateur, sculpteur et graveur français dont l’œuvre dessinée a fortement impressionné et influencé Félicien Rops, par ses thèmes et ses techniques. Degas subit l’influence du naturalisme, s’intéresse à la photographie et découvre les estampes japonaises. Degas fréquente le Café Guerbois à Paris vers 1868 et y rencontre Edouard Manet (1832-1883), Auguste Renoir (1841-1919) et Claude Monet (1840-1926). Dès l’installation de Rops dans la capitale française en 1874, l’un et l’autre se fréquentent, notamment au café La Rochefoucault : « Qui je vois ? – Tout un monde drôle. Je dîne & je déjeune souvent au Café Larochefoucault où je trouve Dupray, Degas Gervex, Jourdain Cormon, Duez, un tas de jeunes » (éd. 0066), aux dîners du « Pot-au-Feu » du Docteur Albert Filleau (1840-1894), ou tout simplement dans l’atelier de Rops. Degas et Rops se partagent un même réseau d’artistes et de collectionneurs, comme le Docteur Filleau ou Léon Clapisson (1837-1894). En 1874, Degas participe à la première exposition des impressionnistes mais sans partager l’enthousiasme du groupe pour la peinture de plein air et le paysage. Son sens aigu du modernisme l’oriente vers des scènes familières et le monde hippique. Il se passionne également pour le monde de la danse (Danseuse saluant, 1878, Danseuse à la barre, 1880) en mettant l’accent sur les effets de lumière artificielle. Souffrant de la vue, Degas emploie de préférence le pastel, y mêlant le crayon, la gouache, la peinture à l’essence. Dès 1876-1877, après que Rops ait visité les expositions impressionnistes à la galerie de Paul Durand-Ruel (1831-1922), l’artiste belge se met à vouloir rivaliser avec la technique du Parisien par des procédés de son invention : « L’huile, ou plutôt la térébenthine qui donne presque mat (car Manet, moi, & de Gas nous sommes fortement partisans des peintures mates, d’où nos recherches de pastel de gouache &c) me semble plus rapide & plus expressive, on saisit son modèle & l’impression est plus franche & plus vibrante. » (éd. 0308). Sur des thèmes qu’ils partagent, comme la prostitution, Degas va rencontrer un succès plus franc que Rops qui restera davantage confidentiel à cause de son statut d’illustrateur et de son refus de participer à des expositions. Dans ses lettres aux critiques d’art Camille Lemonnier (1844-1913) et Edmond Picard (1836-1924), Rops oppose la modernité en art dont il est un féroce défenseur à la peinture « non vivante » d’Alfred Stevens, peintre belge remportant pourtant un vif succès à Paris. Du point de vue technique et thématique, Degas est cité en exemple par Rops et Stevens en… contre-exemple : « Il y a plus de modernité dans un croquis de DeGas que dans tous les tableaux de Stevens. […] Cette opinion c’est celle de toute la jeune école française, des Gervex, des Bastien Lepage, des Carolus-Duran même, des DeGas, des Tissot &c &c. Ils ne savent pas ‘peindre’ peut-être comme Stevens mais comme ‘l’Intelligence’ brille dans ce qu’ils font ! » (éd. 2920). « […] La modernité Stevens est une bonne modernité : calmante, tonique, constitutionnelle, peu échauffante […]. Mais on pense qu’il y a bien d’autres modernités ! & bien plus élevées, bien plus intéressantes, bien plus humaines […] ; que les gens qui s’appellent Nittis, Bastien-Lepage, Tissot, Degas, Gerveix, Monet, Beraud, Forain […] ont bien aussi leur ‘modernité’ à eux » (éd. 2278). Rops mentionne une quinzaine de fois Degas dans sa correspondance, toujours en des termes élogieux et inspirants.