Numéro d'édition: 2308
Lettre de Félicien Rops à [Edmond Picard]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Edmond Picard
1836/01/01 - 1924/01/01
Lieu de rédaction
[Paris]
Date
1886/08/18
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
ML/00631/0044
Collationnage
Autographe
Date de fin
1886/08/18
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Archives et Musée de la Littérature
Page 1 Recto : 1
18 Aout 1886
Mon Cher Picard
Il faut avouer que le joyeux & astucieux Stocquart s’est moqué de vous « dans les hauts prix ». Je viens de regarder les cuivres, ou plutôt les aciers, car ce sont des aciers. C’est ignoble de laideur, & les quinze planches valent deux louis, le prix du métal. Pas une n’est de moi. Il y en a une qui est une assez adroite reproduction en photogravure de mon frontispice, mais il n’y a pas à s’y tromper : avant de venir à Paris, je n’avais gravé sur acier, qu’une seule planche, pour le livre d'Aloysius Bertrand Le frontispice de Gamiani a été gravé sur cuivre. L’acier, qui se trouve dans le paquet d’ordures, à vous envoyé
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par Stocquart est une reproduction. Je le garde, & je l’anéantis, je vous enverrai une épreuve de la reproduction, anéantie, & la planche en plus.
– Les 14 autres planches sont d’ignobles reproductions, bêtes & maladroites, des grandes lithographies d’Achille Déveria. Déveria avait fait une quinzaine de lithographies intéressantes, sur le Gamiani de Musset. Ces reproductions imbéciles, ont dû être faites par quelque maçon sans ouvrage. Je vous le répète cela vaut deux louis ! Stocquart a entre les mains les onze planches-frontispices dont je vous ai donné les noms (& que je vous renverrai si vous en avez égaré la liste ;) – Ces planches n’ont de valeur que pour moi, –
– pour les anéantir. La petite mère Doucé, dans ses jours de dêche, en a tiré des centaines de mauvaises épreuves, & en a inondé Paris. Stockart s’imagine qu’il tient le Pérou dans les pattes, & ces planches n’ont
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plus, matériellement, aucune valeur. D’autant plus que toutes, elles vont être reproduites en plus grand format. Lorsque vous passerez par Paris, Mon Cher Picard je vous remettrai vos quinze planches. La mienne rayée seulement. Je vous engage à les renvoyer à Stocquart, qui je le répète, s’est moqué de vous, d’une façon indécente & impudente à n’y pas croire !
– Autre chose, Mon Ami, – dans votre dernière lettre, il y a deux mois, vous me disiez que vous aviez vu chez Rodrigues, dans sa collection, beaucoup de choses que vous n’aviez pas. Cela ne m’étonne pas, Mon Cher Picard, & je ne les ai pas plus que vous ! Tout ce que j’avais, je vous l’ai envoyé dans les derniers portefeuilles que je vous ai adressés. Rodrigues dépense de l’argent pour sa collection, il est en outre très fureteur, il n’est pas étonnant qu’il trouve des pièces qui ont été tirées à très peu d’épreuves, épreuves qui
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après le tirage, ont été dispersées à tous les vents. – Il y a même des planches dont ni l’un ni l’autre, nous ne trouvons d’épreuves, malgré toutes nos recherches. Rodrigues a une collection qui lui coûte déja six à sept mille francs, – avec les croquis.J’ai transmis votre réponse à Zandomeneghi, il m’a répeté ce que je vous avais dit : qu’il ne vous avais pas fait le prix fort, mais le prix d’artiste. Il est vrai que vous avez peu de place disponible chez vous, & que vous avez beaucoup de choses ; mais à votre place, je laverais un peu, il y a beaucoup de choses médiocres, à commencer par mon « Attrapade » ! Ah je laverais !!! je ferais de la place, & j’acheterais des choses plus modernes. Il y a beaucoup d’œuvres qui ont vieilloté, soit dit entre nous.
À bientôt Mon Cher Ami. En Septembre je vais en Belgique & j’irai vous voir, où vous serez. Je suppose que pour l’instant vous êtes quelque part aux champs, ma lettre ira vous trouver.
Bonnes Amitiés grandes, à vous & à Mme Picard.
Félicien Rops
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
AML