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Je t’ai attendu hier pendant une demi-heure vis à vis de « chez Goupil » – L’article 208 de la manière de se Conduire en Société de Mme la Baronne d’Arcq dit qu’on peut faire attendre ses amis un quart d’heure au Café mais jamais ½ heure dans la rue ! à moins de mort ou de maladie ! Excellent volume à acheter. Tu y as perdu les 100 frs que j’avais dans ma poche & qui ont pris le chemin du marchand de Japoniaiseries de l’Avenue de l’Opéra. Pour excuser la forte demi heure que j’ai passé à regarder sa bibloterie j’ai fini par acheter une machine onéreuse inutile & charmante pour une dame aussi onéreuse inutile & charmante que l’objet. – – N’oublie pas, une autre fois, voici le moyen de me prévenir : tu prends cinquante centimes, la main de ton aimable compagnon, tu mets les 50 centimes dans la susdite main & tu dis à l’aimable compagnon : Va au télégraphe prévenir Rops que je ne peux être à quatre heures vis à vis Goupil. Pas difficile, pour une autre fois. – Mme d’Arcq ne donne pas cette recette mais elle est en usage chez tous les civilisés de l’ancien Continent je t’assure la chose.
Suppose que j’aie été Daudet ! tu étais perdu !!
J’avais oublié de t’envoyer cette lettre écrite – au crayon – dans un premier accès de mauvaise humeur. Je reçois une lettre de Lambrichs qui me dit qu’il y a bien longtemps que tu ne lui aies donné de tes nouvelles. – Sois sans crainte pour le billet de la fin du mois, en même temps je te rendrai les cent frcs du dernier mois, – envolés. –
Je ne bouge pas de la rue de Richelieu jusqu’à la fin avril. Il me semble que cette année file avec une rapidité étonnante !