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Je rouvre ma lettre, il pleut je ne partirai que demain pour Bourron. – Quant à ma collection d’eaux-fortes, je ne peux m’en dessaisir maintenant. Je n’y tiens pas tant que cela & je ne vendrai aucune pièce de la collection avant de t’en parler. Je veux que les artistes la voient. D’ailleurs tu n’as que les pièces que j’avais à Paris & tu ne peux t’en faire une idée absolue. Donc quand tu en auras fini renvoie-la moi. N’oublie pas Bauwens & si tu trouves « la femme » dont je t’ai parlé, tâche d’en trouver une épreuve pour moi. – Je t’enverrai une épreuve d’un petit cuivre. Que j’appelle « le cuivre aux pommiers » & dont j’ai retrouvé deux épreuves chez ce marchand du Bd Clichy avec lequel je fais quelques affaires. Peut être as-tu déja une épreuve
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de ce cuivre dans ce cas je ne t’enverrais pas celle que j’ai en double. Le cuivre doit être à Thozée ou au diable. Dans le coin il est marqué :
Croissy Juin 75
– Planche peu importante mais très curieuse, j’avais oublié de t’en parler Vendredi.
Cette eau forte est rare. Les épreuves sur Japon ont été tirées par Cadart. J’ai encore le croquis d’après lequel elle a été gravée. J’aurai ces épreuves dans quelques jours en échange d’une mauvaise étude peinte.
– Une planche encore très rare : L’Étude de Fossoyeur – la première – de l’Enterrement au pays Wallon sur cuivre. Je tâcherai de t’en procurer une épreuve.
Le Fossoyeur est en chapeau de paille – gravé d’après nature. J’en ai deux épreuves je crois, je ne suis pas certain. Le cuivre doit avoir été plané. Malassis l’avait, je l’ai vue chez lui, cette eau-forte ; donc tu dois l’avoir. Je te la signale à cause de sa rareté. Tout cela m’est revenu ce matin à la pensé, mais Malassis a dû laver beaucoup d’eaux fortes dans ses derniers mois de vie & il doit te manquer des pièces rares.