Lettre de Félicien Rops à [Henri Liesse]

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Comment cela va-t-il ? Je reviens de Monte Carlo. Dix jours fous & charmants passés à nous fourrer avec la belle petite J dans les roses jusqu’au nez. Dieu est vraiment bon. – N’importe la mer n’y est pas picturale !! C’est joli à voir toute ton Italie mais bien laid à peindre – Que j’aime mieux les ciels gris frangés de rose ! Tout cela a un fond de papier peint agaçant. C’est d’un beau dessin, mais Dieu a oublié de peindre le Midi & il a chargé de la chose un Roffiaen du temps. – Seulement on y éprouve un grand sentiment de vie, de plénitude & on fait un peu partie des rayons qui vous chauffent l’échine. – Où es-tu ? à Hastière ou à Anseremme ? Et Jack ? ? ? – Voici Samuel Brolh passé, & les choses avancent-elles ? C’est que la saison passe aussi ! – Paris est bien joli à cette heure. Le mirliton a ouvert son exposition, une exposition de délicats où il y a de beaux Béraud & de beaux Duez. – Le Cercle St Arnaud aussi, où Stevens ne brille pas. – J’ai été au Grand Casimir aux Variétés, c’est bien fait & très drôle, d’une bonne drôlerie à éclat de rire vrai ; – vu aussi les « Aventures de Ladislas Bolski » machine

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vieillotte où Pierson amène de beaux bras & Massin le téton des Dieux. – N’aurais-tu pas envie de venir prendre langue à Paris aussi ? On dîne très fortement Samedi 22 février17 Rue Mosnier. – Un menu superbe : la matelotte Vendômoise aux marrons, – Poule de Prairie truffée, – Salmis de bécasses à la Tourangelle, – Filleau, Gouzien, Zichy, et Camuset aimé des Muses !! – Apporte Edmond de Belgique cela sera une vraie fête. Il est probable que Dom – qui aura le nez gelé, cela est indubitable, sera là ; il m’a dit qu’en février il serait à Paris. En attendant travaille fort !! Pendant l’été nous ferons le volume d’Hetzel & cela va être très amusant cette histoire de poupée. – Daumier est mort, pauvre cher grand artiste, je vais aller lui dire un dernier adieu à Valmondois aujourdhui, – Valmondois – (Val mont d’Oise ô l’élève de Chavée !) – le joli coin & les jolis pommiers tant peints par Daubigny, – tous de vrais artistes et de vrais cœurs ceux qui vivaient labàs, les long de la rivière aimée, qui durant tout l’été reflétait les parasols blancs de l’École de l’Oise ! – l’Anseremmoise d’ici. – Paris me ravit au retour, et mon œil de modernisant suit amoureusement sous « les balayeuses des jupons, le museau noir des petits souliers qu’on aime qu’ici.

J’ai loué notre nid de travail, – ah nous allons nous éreinter !! hein ? et devenir des « vrais forts » – et puis une chance : N° 13 ! – 13 Rue Labie Porte Maillot

À bientôt mets cette lettre à la poste, donne moi des nouvelles d’Hagemans, – Il est impossible que nous n’ayons pas de nouvelles de ce bon compagnon de vie. – N’oublie pas ma lettre. Je compte les timbres que je te devrai – cela fait deux ! Il faut de l’ordre enfin !! C’est de notre âge.

Il me semble que ma lettre a quelque décousu, – plutôt mourir que me relire. Puis j’ai encore dans les yeux le blanc du soleil de là bas & des tététs de J – (Écrit-on tété ou tétét ?) –

N’oublie pas ta demeure : 13 R. Labie Porte Maillot. – c’est charmant on travaille au bois de Boulogne qui nous fait face, – et des omnibus nous roulent partout où cela nous plaît. Écris toujours 17 R. Mosnier.