Lettre de Félicien Rops à [Léon Evely]

Page 1 Recto : 1

J’ai passé par Bruxelles & je vais y retourner, je vous porterai un dessin à reproduire : crayon & plume mêlées & un crayonseul.

Pouvez vous maintenant, me livrer un dessin ou plutôt une planche en quinze jours à peu près ? – Si vous aviez quelqu’épreuve de vos travaux au crayon à m’envoyer, cela me ferait plaisir en attendant mon dessin. –

– J’ai une bonne nouvelle à vous annoncer : il est probable que Nys l’imprimeur va fonder à Bruxelles une imprimerie en taille-douce. J’espère que vous aurez recours à son talent chaque fois que vous en aurez besoin, vous pourrez ainsi vous rendre mieux compte de ce que vous faites. Il manquait en Belgique un imprimeur sérieux. Je vous recommande Nys parce que c’est pour ainsi dire sur ma demande qu’il va retourner à Bruxelles.

Une chose est fort ennuyeuse pour les planches à envoyer à Paris, & est cause que je ne peux vous envoyer autant de dessins à reproduire par votre procédé, c’est le passage de planches

Page 1 Verso : 2

par le Ministère de l’Intérieur. Vous devriez, – soit en vous adressant chez Lemy père & fils agents en douane 43 Montagne aux Herbes Potagères, – ou à un de leurs employés trouver quelqu’un qui passât vos cuivres à Paris sans avoir affaire à la douane. C’est si facile à passer ! Je préfèrerais donner cent sous par cuivre soit à Lemy – ou à un employé de cette maison pour que l’on m’apportat le cuivre chez moi que de devoir aller courir au bout de Paris ce qui fait perdre une grande demi-journée. Un cuivre est aussi facile à dissimuler qu’une lettre ! On ne fouille pas les Gens. Je ne tiens pas cependant à ce que ces cuivres m’arrivent par l’entremise de Gay ou de Kistemaekers car dans les travaux que je veux vous demander une grande discrétion est nécessaire ; et c’est même la première condition du travail. Donc Mon Cher Monsieur Evely, ne négligez pas ce détail je vous prie, je crois qu’en vous en occupant vous pourrez facilement trouver votre homme, des employés du chemin de fer du Nord m’ont déja apporté jusqu’à des bottines neuves qu’ils passaient pour le compte de mon bottier vergifosse. Je crois qu’en s’adressant discrètement à eux ils feront votre affaire. Je pourrai alors vous donner des travaux à faire & cela me sera fort agréable, croyez-le.

Page 1 Verso : 3