Lettre de Félicien Rops à [Eugène Demolder]

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Vous acceptez n’est ce pas la succession Waller à l’Artiste comme correspondant de Belgique ? – Pas d’émoluments ! mais de petits « bons procédés » : le service du journal, une passe de chemin de fer pour Paris une fois par année, ici : des billets de théatre. À Bruxelles peut être, si vous ne les avez, votre entrée à la Monnaie. J’écrirai à Calabresi, moi même pour cela. Puis enfin l’Artiste, par la force d’impulsion de 50 années d’existence, marche encore, et est lu pendant les vacances, les jours de pluie, dans les châteaux du centre par de belles Madames, lorsqu’elles sont fatiguées de jouer aux petits chevaux & les jours où elles ont leur mois. Puis ici tout vous fait connaître, & il y a des gens spéciaux qui lisent tout. Le Musée des Familles a des lecteurs qui datent de 1822, & qui continuent : « la collection ». J’ai bien lu la Revue Trimestrielle, moi ! – à Namur ! – & je me suis nourri des moëlles de Van Bemmel & de Potvin.

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À chaque lecture je me rappelais le mot de l’Évangile : Je vomirai les tièdes ! – Aussi quand j’arrivais à Paris je courais chez mon grand & noble ami Barbey d’Aurevilly me nettoyer la cervelle, comme on se lave les dents. – Il ne m’a appris qu’une chose mon grand ami : à être une probité artistique ; – cela en valait d’autres. C’est pour cela que je mourrai pauvre, je ne demanderai qu’une chose : que quelques jeunes suivent mon convoi en devisant entre eux, & en fumant des cigarettes ; – Mais je suis certain que mon corbillard profitera de leur distraction pour suivre une femme, – et les laissera pantois !

Répondez vite & si vous n’acceptez pas, désignez-moi un de vos amis pour ce.

Nous causerons de votre arrivée à Paris. Trop long à raconter l’histoire dont je voulais vous charger. Aussitôt votre arrivée à Knocke, écrivez moi. Peut être irai-je faire un tour là bas. – Ma fille c’est la joie de mes yeux & de mon esprit. Je ne l’ai jamais grondée. C’est pour cela qu’elle n’a pas de défauts. Paul mon fils n’a pu résister à son charme & s’est mis à aimer sa sœur, comme s’il avait été élevé avec elle. – Mais, il ne faut pas le dire ! Et la Belgique donc !! C’est un petit secret de famille ceci !