Numéro d'édition: 1561
Lettre de Félicien Rops à [Eugène Demolder]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Eugène Demolder
Lieu de rédaction
Saint-Méloir-des-Ondes, La Guymorais
Date
1894/08/08
Commentaire de datation
Datation sur base de l'apostille.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
72039/29
Collationnage
Scan
Lieu de conservation
France, Paris, Ancienne collection du Musée des lettres et manuscrits
Apostille
8/9 août 1894
Aucune image
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La Guymorais par St Méloir des Ondes.
Mon Vieil !
– Déja ! – à la bonne heure ! – Je t’attendrai le 20 à St Malo à l’arrivée du train vers six heures & quelque chose. Ce train part à 9 heures ½ de la gare Montparnasse. Tu demanderas un billet d’aller et retour un billet de bains de mer valable pour un mois (il n’y en a pas pour moins,) et dont le coût est de 37 francs et quelque chose aussi. Donc départ à 9 heures ½ de la gare Montparnasse, – la gare Montparnasse est au bout de la rue de Rennes, c’est assez loin, arrive quelque chose comme une heure à l’avance afin d’avoir le coin désiré des gens « qui se rendent compte ». Le voyage est assez rapide. Tu passes par Chartres, Nogent le Rotrou, Le Mans, Laval. à Rennes tu entres dans la Bretagne, qu’on appelle : « la Bretagne verte » en opposition avec les landes de la Bretagne pouilleuse, & des rochers du Morbihan. Tu passes à Vitré mais tu ne peux rien voir de la gare. Nous y retournerons. Le 19 c’est un Dimanche. Mauvais jour pour voir le Louvre. Tu ferais mieux de partir le Vendredi soir de Bruxelles
Le Samedi matin pour Saint Malo. Dimanche nous verrions à Cancale, les belles filles sortir de la messe, car Cancale est une ville spéciale : C’est le seul coin de la Bretagne, avec un pays du Sud de la province, qui s’appelle « Le Fouësnant » où les filles sont jolies, malgré le mauvais usage qu’en a fait Feyen-Perrin. Son Frère Feyen (sans Perrin) continue à sévir
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en ce joli coin-ci & a en faire des tableaux qui raviraient Roffiaen, –feuRoffiaen j’espère, mettons Quinaux tout de suite, pour achever l’école de Namur.
St Coulomb évêque irlandais et beau paillard devant le Seigneur débarqua à Cancale avec 250 belles filles et 250 beau gars pour fonder La Houle et Cancale. Depuis 1260 la race s’est conservée. Filles aux grandes jambes comme leurs sœurs normandes de Granville qui est vis à vis du Golfe, le pubis bien fendu, prêt à rire aux éclats à l’approche du mâle, le reste à son poste.
Il y avait ici, à la maison, qui malheureusement retournent à Paris aujourdhui, les deux associées de ma
Croquis
Il me donne l’envie de pousser l’association jusqu’à de jolies limites, celles où il n’y en a plus !
Elle est Normande d’ailleurs, et née à Mamers, une jolie ville qu’il y a dix ans nous avions appelée : « Mamellers » en gens qui appréciaient ses produits. Ah ces barbares du Nord avaient apporté d’aimables choses en France !
Donc avance si tu peux ton voyage d’un jour, tu verras le Louvre en octobre. – Foin des Véronèse par ce soleil !
Si tu changeais ton jour, préviens-moi ! – Si pas de lettre. Lundi à 6 heures à St Malo. à l’arrivée du train qui part
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à 9 heures ½ de Paris, gare Montparnasse. Lundi. J’y serai sans faute !
Je ne peux en vouloir à Paul et je comprends ses scrupules jusqu’à un certain point. Je le regrette fort. Je n’ose insister. Mais à sa place j’enverrais promener tous ces préjugés qui ne sont bons qu’à faire litière.
Merci & remercie Vos pour les Cuivreries. Il y en aura assez pour l’instant. En novembre j’irai à Bruxelles, et il nous fera le plaisir de nous guider encore & de nous
En attendant voilà les trois choses que je te demande :
1° Pilules pour Jeunes Chiens
2° Emplâtres Jacoby pour les cors, – rien de la Chasse !
3° MONTRE en Cuivre de 5 frs. comme celle de Vos. Besoin absolu !
C’est tout. Si tu prends les cuivres avec toi, fais-les mettre dans une caisse facile à ouvrir à la frontière. Arrivé à Paris, flanque la, à mes frais, sur une voiture de place et porte le tout à ma portière MmeRaymond2. Rue du Marché des Blancs Manteaux. Accentue : du Marché et ajoute c’est devant le 57 de la rue Vieille du Temple, sans cela il ne trouvera jamais !! Cette rue du Marché des Blancs Manteaux est inconnue des cochers, par la simple raison, qu’il n’y a qu’une maison et qu’un n°, le n° 2. C’est fantastique. Dis à ma brave portière qu’elle veuille bien mettre ce colis de Cuivreries dans mon appartement jusqu’à mon retour.
Je t’embète, mais je te revaudrai de cela.
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À bientôt donc Mon Cher Eugène, j’espère que tu passeras quelques jours agréables dans la Bretagne Normande. Le pays est curieux, et charmant au point de vue pittoresque et archéologique. Nous irons voir le Combourg des Mémoires d’outre tombe, on trouve ici les derniers restes de la forêt de Brocelyande célèbre par les aventures de Lancelot, de l’enchanteur Merlin, et de la fée Viviane, tous amis de Péladan.
Bonnes amitiés aux tiens,
Ton ancestral ami
F. Rops
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages.
Dimensions
indisponible x indisponible mm
Copyright
Ancienne collection - Musée des lettres et manuscrits