Numéro d'édition: 1602
Lettre de Félicien Rops à [Ernest Hermant]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Ernest Hermant
Lieu de rédaction
[Paris]
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
73874
Collationnage
Scan
Lieu de conservation
France, Paris, Ancienne collection du Musée des lettres et manuscrits
Page 1 Recto : 1
Croquis
F. Millet
Mon Cher Ernest,
Voilà dix jours que je dois t’écrire & te féliciter car c’est une vraie bonne nouvelle que tu m’as annoncée. Je m’y attendais un peu. Tu as trop de raison Cher Vieux pour « ne pas te marier » Il faut se marier !! Il n’y a pas au monde de vie plus grotesque & plus ennuyeuse que celle de vieux célibataire. Nous en avons parlé
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bien souvent ensemble, tu te le rappelles, à l’heure du café & du pousse café, & nous étions du même avis. Tu te maries encore à temps, mais il n’est que temps ! c’est ce que j’écris à Émile qui me fait l’effet de vouloir claquer dans la peau d’un vieux garçon grincheux, ou d’un vieux cocu ce qui est absolument la même chose. – Je suis furieux de voir qu’il ne se décide à rien & qu’il continue à vaguer par les paysages ce qu’il pourrait faire aussi bien après avoir pris femme & fondé « sa maison ».
À propos : Ta lettre réexpédiée à Anseremme est revenue seulement à Paris il y a une dizaine de jours, voilà pourquoi mon Cher Ernest, j’arrive probablement le dernier t’adresser mes félicitations.
Je ne connais pas ta fiancée, mais je te sais homme à ne point faire de folie, & à faire un mariage très convenable sous tous les rapports, ce en quoi tu es dans le vrai. On ne doit pas se marier comme on embrasse sa voisine, et mon opinion est que l’on doit se marier « froidement ».
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À propos de la susdite dame, Je t’expédierai demain « les lettres » remets lui la chose, ce ne sont d’ailleurs que des lettres d’amie originale, & qui n’ont rien de compromettant en elles-mêmes. Je ne m’explique pas comment elle a pu être ennuyée à cet égard. Je travaille dru & je fais un art qui je crois t’étonnera, – je parle de peinture.
Comme eaux fortes : deux ou trois nouvelles planches, dont une pour les Aqua-fortistes, – une pour l’Eau forte en 1876 de Cadart, & la reproduction de deux tableaux de Millet pour le volume de Piedagnel sur Millet. Le frère de Millet tenait à ce qu'il parait à ce que ce fut moi qui reproduise ces deux tableaux. – C'est un maître très difficile à graver que Jean François Millet, je m'en suis tiré à la satisfaction générale. J'ai fait deux planches brutales mais bien dans le caractère de Millet. Ajoute à cela la difficulté de graver ces tableaux à l'envers! – Cela m'a donné le tintouin.
Je n’abandonne pas la Belgique ! je vais garder un pied à terre à Bruxelles avec atelier. Ici je suis bien installé un bel atelier, un appartement commode, je n'ai rien à désirer.
Nous allons voir un peu ce qui adviendra de tout cela. J'ai beaucoup
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travaillé tu le sais. J'ai 368 études peintes. C'est renversant. Daubigny est venu farfouiller la dedans et m'a fait des compliments trop vifs pour que je te les écrive. Il m'a injurié parce que je ne voulais pas les exposer, et est déjà revenu deux fois avec d'autres peintres pour les faire voir. – Celles de Norvège & de Monaco l'ont étonné. Je crois que tout cela marchera & que j'arriverai à mon heure. J'avais des gourmes a jeter voilà tout. J'ai remplacé les gourmes par une gourmette.
Je serai à Monaco quand tu te marieras mais pourquoi ne pas venir jusque là voir la mer bleue ?? avec ta femme ?? Ce serait gentil cela & je vous piloterais dans de jolis coins que seul bon peintre je connais dans la vieille corniche.
À toi cher vieux & bonne chance
Je te serre bien la main
À demain.
Ton vieux aussi !
Fély
Détails
Support
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Dimensions
indisponible x indisponible mm
Copyright
Ancienne collection - Musée des lettres et manuscrits