Lettre de Félicien Rops à [Félix] Nadar [Tournachon]. Paris, 30/00/0000. Paris, Bibliothèque nationale de France, NAF/24284/526
Page 1 Recto : 1Paris 21 Rue de Grammont – Jeudi 30Comment expliquer certaines nuances de la sottise humaine mon bien Cher Nadar. Tu habitais Paris, moi aussi ; caché dans un coin, un peu pauvret un peu mélancolieux, un peu souffreteux, avec, au ventre, toutes les affres d’un art que je sentais grouiller en moi, & qui ne voulait pas issir à la vie ! « Je te voyais mon vieux Cher Ami, un peu partout chez Durand aussi, & je te disais : mon bon Nadar, je t’aime bien, tu as toujours ta belle auréole d’homme bien portant & vaillant, je te sais heureux, cela me fait plaisir, pardonne moi de ne pas aller t’embrasser, mais je ne sais pas ! je ne dois pas le faire maintenant ! » – Pourquoi – ? que veux-tu, je ne sais pas ! – C’était idiot, connaissant ton cœur & ta bonne nature vibrante à éternité. Peut être par cette mauvaise honte, par cette timidité de la pauvreté que connaissent, plus que d’autres, ceux qui sont nés dans les dentelles, & à qui la vie a souri jusqu’aux oreilles. J’avais jeté