Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]

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Je ne recois plus de nouvelles de vous. N’avez-vous pas reçu une lettre de moi dans laquelle je vous parlais du vernis mous liquide n°5, où je vous disais ce que j’en pensais, & où je vous demandais aussi si vous aviez continué vos essais avec ce nouveau vernis ?? Voilà ! Rien de nouveau ici d’ailleurs. Je vais passer chez Billaut & voir si oui ou non cet animal là veut me donner notre ambre pur.

Vous me dites, mon Cher Rasenfosse que le nouvel ambre vous paraît donner un grain plus gros. Cela est possible. Je vous enverrai dans quelques jours, la formule de l’ancien, qui n’était pas de l’ambre pur mais une composition de vernis mou faite par Billaut sur une formule que nous avions arrangée à « nous deux » Courboin, formule que je vous avais donnée, que je n’ai plus, mais que Courboin possède encore.

L’œuvre Lithographiée de F. Rops a paru ici. L’auteur m’en a donné un seul exemplaire ! Pas large !!!! – C’est pour cela Mon Cher Rasenfosse que je ne vous en envoie pas le volume. D’ailleurs vous avez les principales planches en épreuves. Le reste ne signifie rien.

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Il me semble toujours qu’il y a une lettre de moi que vous n’avez pas reçue. Ce qu’il y a de plus bizarre, c’est que plusieurs lettres de moi depuis un mois, ne sont pas arrivées à leurs destinataires. Je dois avoir un domestique qui met les lettres poche-restante !

Je regrette que vous ne veniez pas voir les Salons. Il ne faudrait jamais passer une année sans venir voir les Salons !! C’est de toute nécessité artistique. Vous êtes si près de Paris ! C’est presqu’un devoir de venir ici une fois par année. Je ne cesse de le répéter « aux Jeunes ». Nous étions bien plus ardents quand nous habitions la Belgique !! Nous partions en bande : Dubois, Artan, Verwée &c &c et nous venions ici faire plus de bruit que les Parisiens. Et quels coups de gueule pour Millet, Courbet Daubigny ! Verwée est le seul fidèle au 1er Mai ! – Les autres sont froidis ! Et les Jeunes sont bien raisonnables ! Or ce n’est pas avec la raison pure que l’on fait de bonnes œuvres !

Moi, pour la dixième fois je recommence ma vie artistique.

« Malheur aux rassasiés » !

a dit Jésus sur la montagne. Et me voilà jeune & plein d’espoir. oui j’espère « faire bien », un jour ; un de ces jours ! Vous verrez peut être cela. Je n’ai rien fait jusqu’à présent, mais je ferai bien, nom de Dieu ! Si le Diable me prête vie. Ou j’y crèverai ! comme j’ai failli déja y crever !