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Paris 19 oct 1888.
Mon cher Ami
excuse moi de ne pas encore t’avoir écrit, comme j’aurais dû le faire, mais j’ai été, toute la semaine, sous le coup d’un départ pour la Belgique, ma présence étant nécessaire labàs pour des questions d’intérêt, relatives à Paul, mon fils. Heureusement, on vient de m’écrire que ce ne serait que pour la semaine prochaine, & j’allais t’écrire lorsque ta bonne lettre est arrivée me renouveler la très gracieuse invitation de Madame Nadar.
Ma femme est un peu souffrante, mais elle fera un effort & m’accompagnera ainsi que ma fille & peut être aussi ma petite belle sœur, qui n’est déja plus une toute jeune demoiselle, mais qui est encore : « la petite ». Elle ne nous quitte pas, & je voudrais vous la faire connaître aussi, puisque je suis en train comme la mère des Gracques de vous montrer mes trésors. Pardonne-moi donc si je commets l’inconvenance d’arriver avec une pareille « flopée » mais n’en accuse que l’amabilité de
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de Mme Nadar & la tienne qui autorisent ces choses là.
Ma femme me charge de te remercier de tout cœur de ton beau livre & de sa dédicace Elle a été très sensible à ta délicate prévenance de mon vieil ami.
– J’ai relu avec grand plaisir le miroir aux alouettes, Sous l’Incendie, & les Histoires Buissonnières. Il y a là bien des pages que l’on retrouvera, & quelques chapitres sont de purs chefs d’œuvre. Ton « Marcelin » entr’autres est extraordinaire. Je l’avais découpé dans le journal à son apparition. Je trouve aussi dans mes « découpages » un Meissonnier » extrait d’un de tes Salons qui est « lui » le criminel !
À Dimanche donc, Ami, nous arriverons vers les onze heures ½. Présente bien mes Compliments respectueux à Madame Nadar, & je t’envoie une Vieille vieille poignée de main de ma vieille amitié
Fély Rops