Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]

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Merci grandement de votre exactitude Mon Cher Rasenfosse, j’espère recevoir Jeudi, les pièces de Morreels. Entretenez-le dans ses bonnes dispositions. Vous recevrez par Nys une lithographie de Lunois, faites la étudier à votre bonhomme attentivement. Cela ne doit pas être si difficile à imprimer que nous le croyons, car cette épreuve sort des presses de Relfond & Cie qui est une imprimerie de deuxième ordre, pour ne pas dire de troisième, et c’est assez bien tiré. Je suis curieux de recevoir votre vernis genre du vernis de l’avocat. Je vous ferai observer que la planche des « trois modistes » dont vous me parliez, est faite sur un vernis qui prend bien l’estompe, mais dont le grain est vermiculé ! Pour un vernis fin il faut ce me semble qu’il donne un grain semblable à l’estampe ou à une aqua-tinte légère.

Enfin, nous avons dans tous les cas le n°5. c’est déja un résultat sérieux & probant. Il faudra que vous m’en fassiez parvenir « la recette », pour que je puisse le faire moi-même, & ne plus vous embêter avec cela.

Je crois que pour toutes « nos recettes » vous ferez bien de ne les donner à personne, même à Morreels. Je sais que c’est difficile, à exécuter en province, mais

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cependant je crois cette réserve de toute absolue nécessité. Les amis discrets sont rares. – Je suis heureux que vous soyez venu à Paris. N’y manquez pas l’an prochain. Il vaudrait mieux y venir deux fois qu’une. Mais une fois, est une chose qui s’impose. On apprend autant par les yeux, et par la conversation, que par la main. – Paris est le grand initiateur à toutes choses ! Et, par le temps d’art très raffiné que nous traversons, il est bon de venir se nervoser artistiquement auprès de cette électricité.

– Faites de grandes choses. On ne tripote pas une grande planche comme une petite, et cela apprend davantage, cela n’est pas douteux. Et cela éloigne des petites morsures, tripotage de myope dans lequel je me suis souventefois laissé cheoir. Préciosités bonnes pour la loupe, & qui n’intéressent que les patriciens & les techniciens. Je recevrai aussi avec plaisir le panneau en question ; – voulez vous demander à Mr Berkmans père si cette préparation pourrait se mettre sur papier ?? Dites à Dewitte combien j’ai trouvé ses planches bien exécutées. Dewitte est un artiste de très grand mérite, et il lui manque peu de chose pour être tout à fait hors pair, et un maître. Dites à Morreels aussi que j’ai admiré la finesse de ses miniatures & que je lui en écrirai sous peu de jours. Cela a été difficile d’avoir une planche de Lunois, mais j’y tenais, car je suis persuadé que cela vous servira. Il faudra que conjointement avec le

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vernis mou, vous fassiez de la lithographie. Il va s’établir une société de lithographes-peintres qui établira des expositions annuelles. Il faudra que vous y exposiez ainsi qu’aux peintres graveurs. Donc piochez dur ! Go head ! comme disent les Américains. Et il ne faut pas oublier Maréchal, – un tempérament. – Je lui vendrai certainement des eaux fortes. Il faut qu’il expose aussi celui-là ici. Et on le poussera « li tiesse di hoïe ! »

Il faudra faire l’an prochain soit à Liège, soit à Bruxelles une petite exposition liégeoise de Noir & Blanc. Et j’y exposerai des épreuves. on en parlerait, et cela nous ferait tous connaître mieux. Il y a à Liège un élément jeune décidément, et il faut recruter des jeunes.