Numéro d'édition: 1748
Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Armand Rassenfosse
Lieu de rédaction
Paris
Date
1891/04/01
Commentaire de datation
Le frontispice de Darzens évoqué est également mentionné dans une autre lettre datée du 8 avril 1891 conservée dans le même fonds. Voir : inv. II/6957/19/65b. – N° d’édition : 1736.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6957/19/77
Collationnage
Autographe
Date de fin
1891/04/01
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Page 1 Recto : 1
Paris 1er avril.
Mon Cher Rasenfosse,
Pour le « procédé plume » – le plus ancien de mes procédés, car je l’ai surtout employé de 1877 à 80, tous les vernis transparents sont bons, même le vernis blanc ordinaire, le tout est d’avoir un vernis qui cède sous la plume. Du reste, quand vous viendrez à Paris, j’en ferai un devant vous, car il y a certains « tours de main » difficiles à expliquer. Le vernis se compose généralement des matières ordinaires du « Ropsenfosse » auxquelles j’ajoute du vernis Copal à l’essence pour lui ajouter de la solidité. La petite tête de Juif dans les épreuves que vous recevrez dans une huitaine de jours est amorcée de cette façon. – Je vous le noterai sur l’épreuve. J’y ajouterai une autre planche également faite à la plume. Vous croyiez à une photo, & vous n’êtes pas le seul !! & Courboin a gagné contre Bracquemond, un pari sérieux pour la planche du Joyeux Bidet, qu’il m’avait vu faire. Seulement, comme la plume donnerait vite, un travail trop large, (Je vous montrerai la morsure particulière que l’on doit faire,) il faut en arrêter la morsure rapidement. Connaissez vous ou avez vous la planche intitulée « La chute d’un Ange » ? Elle est faite aussi à la plume comme les croquis de marge de la planche du T’sigane, & comme la tête du T’sigane elle-même. – C’est l’arrêt de la morsure & son peu de profondeur, qui font & c’est malheureux, ressembler le procédé plume à de la photogravure. Tel qu’il est, il faut qu’il ne soit pas divulgué : 1° parce que
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c’est une admirable préparation de pointe sèche. 2° Parce que je m’amuse beaucoup à mettre dedans les « malins » d’ici. 3° Enfin parceque ce procédé n’a pas dit son dernier mot, & que nous devons garder cela pour notre usage, comme le reste. Tout procédé divulgué est perdu, et devient banal & inutile pour son auteur. – Donc, le n°6 est à recommencer quant au n°5, il est parfait en tant que n°5. Je viens de refaire ou plutôt d’employer à nouveau le Ropsenfosse, en y ajoutant un peu
J’oubliais : j’y ai joint aussi un peu de vernis blanc en boule, ordinaire, râpé & dilué dans l’essence de thérebentine.
Avec le Ropsenfosse pour de gros travaux à grain, – papier serpente ordinaire, ou papier jaune (celui avec lequel on fait des enveloppes de commerce pour lettres.) et un crayon doux H. c’est parfait. Et l’outil brunissoir ou ébarboir travaille merveilleusement dans ce grain, mais il faut pour cela, dessiner en grainant, comme sur une pierre lithographique, et ne chercher son effet, non sur le papier, mais dans l’art de la morsure. Faire tout sur le premier travail car nous le savons trop le « Ropsenfosse » remord avec fureur !
Donc avec ce Ropsenfosse et le n°5 nous pouvons déjà aller loin, mais il nous faut un n°6 solide et plus fin surtout que le N°6 actuel. J’arrive à faire fin avec le n°5, mais il faut toute mon
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habitude de la morsure & du temps pour y arriver !
Avec un grain très fin, on gagne un temps énorme, car on fait gros si l’on veut, en changeant de crayons, depuis le 6H, jusqu’au crayon lithographique.
Vous recevrez aussi le frontispice d’un volume de Darzens, bizarre, fait sur première morsure photographique, terminée au N°5, et curieuse à cet égard.
Et tâchez de faire bien le même n°5 que celui que j’ai !! Il a une résistance aux acides qui le rend précieux & indispensable. J’étudierai le moyen d’argenter mes planches à nouveau, par le procédé que vous m’indiquez. Je le connaissais un peu, mais on m’avait dit que : cela était très dangereux à tripoter.
Votre épreuve de la grande femme nue est déjà une réussite en tant que vernis-mou vrai. Vous y arriverez dès que le papier très transparent & donnant bien l’estampe sera trouvé.
Je vais vous envoyer du papier serpente, & je vais tâcher d’obtenir de l’ambre transparent. Il me faudra une quinzaine de jours pour l’ambre. Quant à l’argentine des planches, je ne la conseille qu’aux gens à mauvaise vue. La morsure de beaucoup d’acides se fait mal sur argent. Le cuivre ne vaut mieux. Mais il nous faut une matière qui rende le papier très transparent. C’est de première nécessité, absolument.
Votre papier des lithographes ne supporte pas l’estampe, donc inutile.
Votre papier bleuté à grain : bon pour un premier travail, trop opaque pour un 2e. Allons bon courage et travaillons.
Je galope cette lettre, & je ne sais vraiment si vous pourrez la lire !
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À bientôt, & à bientôt aussi de nouveaux essais.
Bonne poignée de main, & potassez tout cela !
FR
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Vergé, Crème.
Dimensions
179 x 225 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR